Jeu vidéo et Biologie - Stickology

- la Science du Jeu Vidéo, par Aurionis

Introduction - Microbes et Pathogènes du Jeu Vidéo

 




 

La science et le jeu vidéo n’hésitent pas à s’inspirer, se nourrir et s’enrichir mutuellement. Si vous suivez ce blog depuis quelques années (et dans ce cas, un grand merci !) vous savez que ces rapprochements peuvent inspirer des pans entiers de scénario, comme ce fut le cas pour la révolution CRISPR-Cas9, ou donner lieu à de passionnantes études bien réelles, qui sont au cœur de la rubrique Stickology. Au cours de la décennie d’existence de ce blog, j’ai pu aborder bien des thématiques, des sujets les plus évidents aux publications de niche, mais jamais celle qui m’a mené à la profession que j’exerce. Un petit dépoussiérage plus tard, le vétuste blog Grab your Stick laisse donc sa place à une nouvelle identité, qui collera bien davantage au sujet qui nous y occupera pour les mois à venir : la microbiologie, appliquée au jeu vidéo !

 

Le sujet ne semble pas couler de source. Par définition, l’étude d’organismes microscopiques requiert des outils élaborés pour rendre visible le monde microbien et en appréhender la richesse et l’intérêt, ce qui vous en conviendrez ne se conjugue pas avec la nécessité de lisibilité ou d’immédiateté d’un jeu vidéo… ou tout simplement de son impérieux besoin d’être ludique. Les micro-organismes ont beau être présents partout autour de nous, l’univers du jeu vidéo ne semble avoir aucun intérêt à les mentionner, encore moins à les représenter, aussi la grande majorité des oeuvres destinées au grand public font-elles l’impasse sur cette “réalité microbienne” au profit d’expériences macroscopiques forcément plus captivantes. Pourtant, si l’on gratte un peu cette surface stérile, on peut mettre au jour une belle variété de représentations des différents microbes, qu’ils viennent de notre monde ou d’univers fictifs, et que votre serviteur a rapidement eu envie d’analyser en quelques paragraphes… Du moins croyait-il. 

En effet, ce tour d’horizon s’est enrichi de nouvelles découvertes, par l’apport de la bibliographie sur le sujet, ou parfois grâce à l’intervention précieuse des réseaux sociaux. Cet amas d’informations récoltées au cours du temps, tel un katamari bien travaillé, occupe désormais suffisamment de place pour se voir découpé en chapitres, en sous-parties, en axes thématiques ! Vous avez donc sous les yeux l’introduction d’une série-fleuve qui, je l’espère, éclairera d’un œil nouveau l’apport de la microbiologie à votre medium préféré.

 

 

 

Cette introduction est évidemment l’occasion de rappeler quelques grandes notions, et de justifier par avance toutes les tricheries que j’apporterai par opportunisme à la définition de microbe. Pour faire simple, un microbe (ou micro-organisme) est un minuscule organisme vivant, invisible à l'œil nu et formé d’une cellule unique (et donc dit unicellulaire). Il existe au sein d’un environnement propice, évolue, métabolise, se développe au fil des générations et meurt. On trouve des microbes dans l’eau, le sol, l’air, sur la peau, au sein d’autres êtres vivants… ils sont absolument partout ! En termes de biomasse, le monde microbien est d’ailleurs bien plus représenté que le règne animal tout entier, et offre donc une variété inouïe. Saviez-vous par exemple que les dizaines d’espèces de bactéries présentes dans votre système digestif représentaient à elles seules 1 à 2 kg de votre masse corporelle (Gut Microbiota, 2017) ?

 

Le terme de microbes englobe toute une variété de structures allant des bactéries aux champignons en passant par les archées. Les virus ne sont pas en reste, bien qu’ils ne soient pas toujours considérés comme des microbes, faute d’être des organismes vivants au sens strict, mais plutôt des structures opportunistes devant détourner la machinerie d’un hôte à leur propre avantage pour survivre. Certains philosophes de la science viennent nuancer ces définitions et amincir la barrière entre les virus et le reste des microbes (Pradeu et al., 2016), et il n’était de toute façon pas question d’accoler la microbiologie et le jeu vidéo sans inclure ces bons vieux virus. Vous ne m’en voudrez donc pas d’élargir leur définition dans les proportions qui m’arrangent ! Notre périple nous amènera également à aborder le cas des parasites, pas toujours microscopiques ni forcément unicellulaires, mais jamais très loin quand il est question de pathogènes. Pour le coup, il est impossible de les classer parmi les microbes, ce qui nous amène finalement à ce titre plus inclusif de “Microbes & Pathogènes du Jeu Vidéo”. Hashtag MPJV.

 


 

 

C’est donc autour de quatre grandes catégories que nous étudierons l’apport du monde microbien au medium vidéoludique : les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. Il serait simple de donner une longue énumération des jeux concernés, aussi allons-nous parfois changer de point de vue et nous interroger sur l’apport de la microbiologie et de ses dynamiques (bénéfices, infections, épidémies, régulation…) au jeu vidéo, ou nous concentrer sur des cas bien précis. L’idée de cette longue série est de s’amuser autour de notre thématique en évitant l’effet “catalogue microbien” qui, je l’espère, ne transparaîtra que rarement dans les articles à suivre. L’ensemble de vos retours sera très précieux pour faire de cette idée de niche un corpus de publications plaisant et utile, aussi n’hésitez pas à laisser quelques mots, sur ce blog ou sur Twitter, que ce soit pour ajouter une obscure référence de jeu Amiga ou apporter une correction.

 

Je vous souhaite une belle lecture, et espère vous intéresser à cet univers microscopique, invisible mais tellement stimulant !

 

Bibliographie :

Gut Microbiota: A Full-fledged Organ, 2017. John Libbey Eurotext.

Pradeu, T., Kostyrka, G., Dupré, J., 2016. Understanding viruses: Philosophical investigations. Stud. Hist. Philos. Biol. Biomed. Sci. 59, 57–63. https://doi.org/10.1016/j.shpsc.2016.02.008

 

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