McPixel est un jeu au parcours pour
le moins atypique. Après l'avoir conçu durant un Ludum Dare en
l'espace de 48 heures, son créateur, Mikolaj « Sos »
Kaminski, l'a tout d'abord mis à disposition sur un célèbre site
de téléchargement en torrent, où il a reçu le soutien d'une
communauté grandissante, allant jusqu'à soutenir financièrement le
développeur. De fil en aiguille, le déjanté McPixel s'est étoffé
et frayé un chemin jusqu'à Steam, où il a été fin 2012 le
premier jeu à bénéficier du programme Greenlight, excusez du peu.
Comment justifier l'engouement suscité par ce petit titre
indépendant ? Réponse dans les lignes qui suivent !
McPixel est un ersatz de McGyver, le
genre de type que l'on envoie pour sauver le monde d'une situation
critique et qui désamorce une bombe avec une allumette, un trombone
et pas mal d'imagination. Dans la peau de ce personnage constitué de
gros pixels, le joueur parcourt une centaine de niveaux qui sont
autant de scènes différentes, avec à chaque fois le même
objectif : empêcher l'explosion d'une bombe, et en moins de
vingt secondes. Seulement voilà, la bombe en question est parfois
bien difficile à localiser puisqu'elle peut-être cachée dans un
élément du décor, un animal ou une personne ! Il faudra donc
réfléchir vite et bien à la solution la plus adaptée, mais ce
serait sans compter sur les facéties d'un jeu résolument
délirant...
Who you gonna call ? McPixel !
Si le jeu emprunte un gameplay qui le
rapproche d'un point'n click classique, où l'on clique sur tel
élément du décor pour interagir avec, il a en revanche une logique
bien à lui qu'il faudra apprendre à apprivoiser. Dans certains cas,
cliquer sur la bombe suffira à s'en débarrasser, mais dans d'autres
niveaux cela aura pour effet de la faire exploser sous notre nez, et
il faudra alors établir une suite d'interactions plus ou moins
tordues pour parvenir à ses fins. Prenons un exemple simple :
vous êtes dans un avion et avez devant vous une bombe, un serpent,
une pelle et une porte, comment vous-y prenez-vous pour désamorcer
cette situation périlleuse ? Vous avez vingt secondes !
McPixel regorge de ce genre de situations au cours desquelles il
distille lentement mais sûrement son humour tantôt pipi-caca,
tantôt politiquement incorrect, mais toujours décapant. Quant au
joueur, entre deux éclats de rire, il apprend à composer avec cette
« logique McPixel » qui lui réserve constamment des
surprises. Il est d'ailleurs possible de revenir à volonté sur
chaque niveau afin de dénicher toutes les interactions et les gags
qui vont avec.
Un contenu plutôt flatteur
Vendu pour une poignée d'euros,
McPixel ne floue pas le joueur sur son contenu : il comprend de
base une centaine de niveaux découpée en quatre mondes, ce qui
assure près de deux heures de jeu, niveaux auxquels il faut
désormais ajouter un DLC gratuit venant doubler, ni plus ni moins,
la durée de vie du titre ! Même si, une fois tous les niveaux
complétés à 100%, McPixel n'offre pas une rejouabilité
démentielle, on notera tout de même la présence d'un mini-jeu de
rythme, forcément barré, d'un curieux chat entre joueurs et d'un
éditeur de niveaux... en espérant de nouveaux ajouts de contenu !
Malgré
son gameplay simpliste et son concept qui peut laisser
dubitatif, le jeu sait capter l'attention du joueur grâce notamment
à des références en pagaille, surtout dans ses niveaux secrets et
son DLC. Jeux vidéo, films, séries télé, tout est ici source de
parodies délirantes, et personne n'est épargné. Vous voulez en
finir avec Navi, la fée encombrante d'Ocarina of Time ? McPixel
vous le permet. Vous voulez faire avaler un sabre laser à Dark Vador
pour voir ce qu'il se passe ? McPixel vous le permet aussi.
Tenter un french kiss avec le président américain ? Oui oui,
ça aussi... Mêler références et liberté de ton donne au jeu une
personnalité forte, et que vous l'aimiez ou non, McPixel vous
marquera pour un moment. Assiste-t-on à la naissance d'une future
star ?
Un jeu qui divise
Tout le monde n'aimera pas l'humour de
McPixel, c'est un fait, mais d'autres aspects du jeu risquent de
s'attirer les foudres de hordes de détracteurs. Les graphismes tout
d'abord, qui sont composés d'énormes pixels donnant parfois des
masses informes, et des objets dont on ne saurait déterminer la
nature. Cet aspect simpliste loin du pixel art, on l'aime ou on le
déteste. Votre serviteur, pour sa part, est conquis. Non pas que la
réalisation soit flamboyante, mais la simplicité des graphismes et
des animations du titre met en exergue le comique des situations
rencontrées et permet au jeu toutes les folies, pour notre plus
grand plaisir. Un autre point que l'on peut trouver décevant est la
bande-son du jeu : pas de voix, pas de bruitages (ce qui là
encore vient renforcer l'humour dégagé par l'image), juste deux ou
trois thèmes principaux nous accompagnant sans relâche à travers
les niveaux. Ces musiques font correctement leur travail en
accompagnant bien l'action effrénée du jeu, car action effrénée
il y a, mais leur faible nombre et le fait qu'elles tournent vite en
boucle en lassera plus d'un. Malgré ces quelques points qui
alimenteront des discussions entre pros et antis McPixel, il faut
reconnaître que l'ensemble donne au jeu une personnalité vraiment
unique, et ce n'est pas rien.
Note finale : 14/20
Atypique. Voilà peut-être le mot
qui décrit le mieux McPixel, un concentré de gags qui s'autorise
toutes les folies pour faire rire le joueur, aux dépens du gameplay
puisqu'au final le jeu est plus amusant à regarder qu'à jouer, plus
proche du dessin animé interactif que du pur point'n click. Pour
quelques euros, le titre de « Sos » Kaminski se charge de
vous distribuer trois à quatre heures de gags délirants comme le
ferait un épisode de South Park. Débranchez votre esprit logique et
laissez vos zygomatiques prendre le relais, car pour peu que vous
adhériez à l'humour du jeu, il se pourrait bien que McPixel vous
réserve une bonne surprise...
Les + :
- Souvent très drôle... et très
con !
- Un esprit parodique décomplexé
- Un jeu qui dégage une vraie
personnalité
Les - :
- Peu de musiques
- Ne vous attendez pas à un vrai
gameplay
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