Jeu vidéo et Biologie - Stickology

- la Science du Jeu Vidéo, par Aurionis

Les héros de jeux vidéo et leur évolution


Ah, les héros de jeux vidéo ! Ils se comptent désormais par centaines, mais combien ont réellement réussi à percer ? Beaucoup sont restés les stars d'un seul jeu, tandis que d'autres ont été élevées au rang de mascottes. Petit tour d'horizon de ces personnages, l'occasion de constater une nette évolution...

Les années 1990 et le début des années 2000 : les animaux avant tout


Période charnière dans le monde du jeu vidéo, les années 90 ont vu l'apogée de la 2D, puis l'émergence de la 3D. À cette époque, les héros de nos jeux favoris étaient le plus souvent des animaux, légèrement humanisés pour l'occasion. L'exemple le plus célèbre reste Sonic le hérisson, apparu en 1990 et devenu depuis le personnage phare de Sega. Le succès de ce personnage inspire beaucoup d'autres héros, et l'on voit ainsi débouler sur nos consoles lapins, lézards, chats, et bien d'autres, sur lesquels on reviendra plus loin dans cet article. L'arrivée de la Playstation et de ses jeux en 3D change quelque peu la donne, même si certains irréductibles tel Michel Ancel persistent à proposer des jeux en 2D. Le Français en profite pour introduire un héros qui tient davantage de la patate sur pattes que de l'animal : Rayman.

Les jeux en 3D proposent eux aussi des héros animaliers, à l'image de Crash Bandicoot, le célèbre marsupial de Naughty Dog, ou encore Spyro le dragon, par Insomniac Games. Les deux héros squattent la même console, et il naît donc une saine rivalité entre les deux studios. Une génération de consoles s'écoule, et deux nouveaux duos de personnages sont lancés par ces studios : Jak & Daxter pour le premier, Ratchet & Clank pour l'autre. Si Naughty Dog suit la tendance du moment en proposant un héros humain (certes assisté d'une beloutre), Insomniac reste fidèle aux traditions en faisant de son nouveau héros un félin. Terminons sur la PS2 avec Sly Cooper, un raton-laveur gentleman cambrioleur assisté de ses deux amis : une tortue et un hippopotame.

Notons enfin la présence d'autres héros animaliers sortis sur cette génération de consoles : Blinx le chat capable de contrôler le temps, sur Xbox, Kay le chat chevalier du jeu Legend of Kay ou encore Ty le tigre de Tasmanie. Malgré la résistance de ces quelques personnages éphémères, c'est une toute autre tendance qui se dessine depuis plusieurs années...

Les années 2000 et le retour de l'humain :

L'arrivée de la 3D est en effet une petite révolution. Elle permet de faire évoluer les personnages dans des contextes bien plus réalistes, aux ambiances plus travaillées, plus sombres aussi. La Playstation a alors vu l'émergence de héros cultes, humains cette fois-ci : Solid Snake, le héros de Metal Gear Solid ou Lara Croft, l'aventurière sexy de Tomb Raider, comptent parmi les personnages fétiches de cette génération de consoles.

Mais c'est bel et bien l'arrivée de la génération actuelle de consoles qui voit le nombre de héros humains exploser. Les machines sont de plus en plus puissantes, les graphismes n'ont plus autant de limites qu'auparavant et, il faut le dire, le public des générations précédentes a grandi et ne tient plus forcément à jouer avec des animaux amusants. L'idée maîtresse est alors de proposer des personnages humains en pagaille, certes ultra baraqués et armés pour que le jeu reste amusant, bien que l'on trouve aussi des personnages plus frêles ancrés dans un monde cohérent dans lequel se prendre vingt rafales dans le ventre sans sourciller n'est plus envisageable. Mais plus que tout, ces personnages sont soumis à certains standards que l'on retrouve dans l'immense majorité des blockbusters actuels : le héros doit être fort, sombre, tourmenté, brun et mal rasé de préférence.


Et c'est ainsi qu'arrivèrent les Sam Fisher, les Nathan Drake, les John Marston et autres Niko Bellic, Marcus Phoenix, Shepperd ou Prince de Perse : des héros pleins de testostérone, armés jusqu'aux dents mais humains avant tout. Et si certains personnages plus fantaisistes persistent, notamment grâce aux jeux en téléchargement (Super Meat Boy par exemple), l'écrasante majorité des jeux qui sortent sur nos chères consoles aujourd'hui mettent en scène ce genre de héros, ce qui à mon sens est plutôt dommage et tend à uniformiser davantage les jeux vidéo, en imposant un héros un peu cliché. Déjà que les gameplays originaux se font rares... Ceci dit, restons réalistes : le coup du héros vaillant, brun et à la pilosité faciale développée, ça ne date pas d'hier. N'est-ce pas ?


L'important, c'est de participer :

Parmi la pléthore de mascottes-wannabe sorties sur consoles 16 et 32 bits, certaines sont aujourd'hui totalement tombées dans l'oubli, et je tiens à leur rendre hommage dans ce petit paragraphe. Commençons par le plus célèbre de ces oubliés : Alex Kidd. Lancé sur Master System, il devient rapidement la petite mascotte de Sega. Il ne fait cependant pas le poids face au mastodonte Mario, et est remplacé au bout de six épisodes par Sonic, qui connaîtra un destin bien plus enthousiasmant qu'Alex, complètement laissé de côté par la firme japonaise. Notre petit héros opère tout de même un retour dans le monde du jeu vidéo via quelques featurings dans Sega Superstars Tennis et Sonic & Sega All-Star Racing.

Enchaînons avec Bubsy. Ah, Bubsy, ce sympathique félin star de jeux de plates-formes sur Megadrive et Super Nintendo ! Capable de courir très vite, au point qu'il en ferait de l'ombre à Sonic, il évolue dans un monde cartonnesque et ramasse des pelotes de laine. Il fait une bonne mascotte, et se voit même décliné en dessin animé. Et là, c'est drame. Bubsy fait une incursion sur Playstation, bien décidé à profiter de la 3D pour accroître son capital sympathie. Erreur ! Le jeu est mauvais en tous points : graphismes hideux, maniabilité lourde au possible, bande-son abrutissante... Bubsy 3D enterre vivant son héros, dont on n'entendra plus jamais parler.

Abordons le cas Gex. Gex est un lézard, mais pas n'importe lequel : il porte des lunettes de soleil. Héros d'un jeu de plates-formes en 2D sur Playstation (un jeu plutôt bon d'ailleurs), il cède rapidement à la tentation de la 3D et devient pour l'occasion un agent secret arrogant. Il joue les James Bond dans deux jeux somme toute assez classiques, bien qu'amusants, mais finira par tomber dans l'oubli. On est depuis sans nouvelles de notre ami le gecko vaniteux.

Enfin, terminons par Plok. Cet être étrange fut le héros d'un jeu de plates-formes sur Super Nintendo comme il en existe des dizaines et des dizaines. Par son design atypique, il pensait probablement trouver son public et devenir, à son tour, une vedette du jeu vidéo. Raté !
J'aurais pu mettre à la place de Plok bien d'autres personnages sortis à cette époque, le choix étant réellement vaste. Mais ce « héros » m'a semblé être l'un des meilleurs exemples, et l'une des meilleures illustrations de cette déferlante de héros lancés au petit bonheur la chance dans des jeux très communs. Et puis son design ridicule m'a marqué plus que les autres !



Voici donc qui conclut cette petite rétrospective des héros de jeux vidéo. Bien entendu, elle est très incomplète, mais elle permet de remarquer que l'évolution des héros de nos jeux préférés va de pair avec la puissance des consoles. De petits personnages mignons inspirés d'animaux, on est passés à des héros plus sombres, aux traits résolument humains. Qu'en sera-t-il des générations futures ? La tendance à ne proposer que des héros humains, bruns et mal rasés va-t-elle perdurer ? Les roux ou les blonds prendront-ils un jour le pouvoir ? Une chose est sûre : nos personnages préférés, animaux ou humains, n'ont pas fini de nous proposer des heures et des heures d'amusement !

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