Comme nous l'avons vu la semaine dernière, Naughty Dog réussit un joli coup avec Jak and Daxter. Le studio lance une nouvelle franchise, et le jeu devient une référence de la plate-forme 3D sur Playstation 2. Et c'est tout naturellement qu'une suite est mise en chantier ! Jak II, sous-titré Hors-la-loi, sort en 2003 et constitue indéniablement LE tournant de la série. En avant pour le test !
Après avoir activé une étrange machine Précurseur, Jak, Daxter, Kiera et le vieux Samos sont aspirés dans un vortex qui les mène bien loin de leur paisible village, dans la cité d'Abriville, tenue d'une main de fer par le Baron Praxis et fréquemment attaquée par des créatures sanguinaires. À peine remis de son arrivée mouvementée, Jak est capturé par les hommes de Praxis, et va subir pendant deux longues années des expériences éprouvantes au cours desquelles il reçoit une forte quantité d'éco noire. Finalement libéré par son ami Daxter, Jak n'a qu'une seule idée en tête : se venger de ceux qui ont fait de lui le cobaye de leurs expériences, quitte à employer la manière forte !
« Mais ?!? Où est l'ambiance exotique et légère de Jak and Daxter ? Tu es sûr de ne pas t'être trompé de jeu ? » me diras-tu, cher lecteur. En effet, ce scénario tranche radicalement avec celui de l'épisode précédent. On découvrira à Abriville des factions rebelles, une police avec laquelle on ne plaisante pas, une ambiance plus sérieuse, plus sombre aussi. Ce changement déplaira à beaucoup, mais il faut reconnaître que l'on y gagne indéniablement en ce qui concerne la qualité de l'écriture et du scénario. Véritablement étoffé, il nous amènera à rencontrer divers personnages hauts en couleurs, et propose des moments forts et des révélations du plus bel effet. Laisser de côté l'univers coloré de Jak and Daxter est le prix à payer si l'on veut profiter d'un monde plus travaillé.
« À quoi bon modifier aussi radicalement le scénario ? Ça reste un jeu de plates-formes non ? ». Ami lecteur, je me dois de tempérer tes propos et je vais te demander de t'asseoir. Car Naughty Dog ne se repose pas sur ses lauriers, et procède avec Jak II à une refonte surprenante du gameplay. Bien que l'on trouve toujours une dominante plates-formes, le jeu se présente sous une forme des plus inattendues, celle de GTA-like. En effet, on sera libre de nos déplacements dans ce vaste terrain de jeu qu'est Abriville, et on ira glaner ici et là des missions auprès des personnages secondaires. Plus de collecte de piles d'énergie, et place à des quêtes qui feront petit à petit avancer le scénario, et qui nous permettront d'accéder à de nouveaux quartiers de la ville.
Concernant la ville en elle-même, il sera possible d'y voyager à pied ou à bord de véhicules volants (on retrouvera d'ailleurs les zoomers du premier épisode), ce qui ne sera pas un mal tant notre aire de jeu est vaste. Hormis les différents quartiers, allant du bidonville à la zone portuaire, Abriville comporte son lot de souterrains et de bâtiments, mais aussi quelques espaces où la nature reprend le dessus, permettant au joueur de retrouver une ambiance plus proche de Jak and Daxter. À noter que lors de nos déplacements en ville, il est possible d'attaquer les différents PNJ, qu'il s'agisse de citoyens ou de Grenagardes (la police aux ordres de Praxis), à nos risques et périls puisque ces derniers seront immédiatement en état d'alerte et se lanceront à nos trousses jusqu'à notre mort, ou jusqu'à ce qu'on les sème. Particulièrement coriaces, ils invitent donc à rester calme, mais la moindre infraction étant synonyme d'une longue course-poursuite, ce système finira par agacer plus qu'autre chose.
Une autre nouveauté qui fera grincer bien des dents est l'apparition des armes à feu. Jak accède en effet à un petit arsenal composé de quatre armes bien différentes, utilisant chacune des munitions, et que l'on débloquera en progressant dans le scénario. Une nouvelle feature qui tranche indéniablement avec le premier volet, mais qui s'insère naturellement dans le scénario, traitant ne l'oublions pas d'une vengeance violente et d'une guerre contre les terribles Metal Heads. En revanche, on retrouvera les mouvements de Jak que l'on connaît, repris tels quels sans ajout aucun. Peu importe, car la maniabilité est toujours au top, et la diversité de mouvements toujours aussi appréciable. Cette belle palette de capacités sera mise à l'épreuve lors de séquences de plates-formes toujours aussi ingénieuses, bien qu'un peu moins nombreuses qu'auparavant, les armes ayant tendance à prendre le dessus lors de niveaux forcément moins bondissants.
« Mais, et le système d'écos, ils l'ont gardé n'est-ce pas ? ». Oui et non, et là encore les fanas du premier épisode risquent d'être déstabilisés. Les écos de couleur que l'on avait appris à manier lors de notre précédente aventure sont absentes de ce monde mystérieux dans lequel ont atterri nos héros, et il ne subsiste finalement qu'un seul type d'éco : la maléfique éco noire, dont Jak a été irradié pendant les expériences menées par le Baron Praxis. Dès que l'on en aura ramassé assez sur nos adversaires ou dans les caisses, il sera possible de se transformer en Dark Jak, une créature violente et incontrôlable. Cet alter-ego de Jak se joue de la même manière, mais ses attaques sont bien plus dévastatrices, à l'image de ces mouvements spéciaux consommant toutes nos réserves d'éco noire, mais qui détruisent tout ce qui nous entoure, les ennemis comme les civils.
Pour finir sur le gameplay de Jak II, abordons brièvement les différents mini-jeux et épreuves qui ponctuent notre progression. À Abriville, on trouvera souvent des bornes qui sont autant de petites épreuves qui demanderont toute notre dextérité. On participera, entre autres, à des courses contre la montre, à des parcours pendant lesquels il faudra traverser tous les checkpoints ou à des challenges imposant de marquer le maximum de points en hoverboard. Et on tient là l'une des grosses nouveautés de cet épisode : une planche flottante que n'aurait pas reniée un certain Marty et que l'on pourra utiliser partout, en ville ou dans un stade. L'hoverboard autorise toutes sortes de figures et constitue un moyen de déplacement amusant, pratique et terriblement classe. Enfin, Jak pourra participer à des courses d'engins motorisés endiablées sur des pistes semées d'embûches, laissant présager ce qui sera le premier spin-off de la série : Jak X.
Voilà pour ce qui est du gameplay. Passons maintenant dans l'allégresse aux graphismes du jeu, et autant le dire tout de suite, un véritable bond en avant a été fait. Pour les décors tout d'abord, plus travaillés et plus détaillés. Si ça ne saute pas aux yeux, on se rend tout de même compte que Jak II a pour lui des effets de lumière encore plus poussés, mis en avant grâce au système jour-nuit, toujours présent. Reste que l'on pestera face à la grisaille ambiante d'Abriville, les bâtiments métalliques et les quartiers désolés ne se prêtant pas aux couleurs vives du premier opus. Mais le progrès technique se fait réellement ressentir lors des cinématiques, forcément nombreuses dans un GTA-like. Bénéficiant d'une mise en scène convaincante, elles nous proposent de découvrir des personnages bien plus fins qu'auparavant, aux animations et expressions faciales nombreuses et réussies, impliquant d'autant plus le joueur dans l'aventure.
Enfin, terminons comme à notre habitude par la bande-son du titre de Naughty Dog, qui propose là encore de la nouveauté. Les différents thèmes, aux accents moins ethniques mais plus épiques, parviennent à restituer l'ambiance sombre d'Abriville, placée sous le joug de l'intransigeant Baron Praxis. Un dirigeant que l'on entendra d'ailleurs s'adresser au peuple lors de nos déplacements via des messages de propagande auxquels réagiront les citoyens et les Grenagardes, conférant à la cité une véritable vie, certes teintée de pessimisme, mais qui permet de s'immerger dans cet univers à part. L'autre nouveauté concerne notre ami Jak, désormais doté d'une voix ! Notre héros gagne en charisme, mais aura fort à faire pour se démarquer des autres personnages, au doublage réellement réussi. L'arrivée d'un scénario digne de ce nom amène son flot de dialogues savoureux, et comme on pouvait s'y attendre, Daxter nous abreuve de répliques amusantes et se fourre avec un talent inné dans des situations cocasses.
Jak II mérite donc que l'on s'attarde sur son cas, car il est rare de voir une série modifier son gameplay de la sorte d'un épisode à l'autre. Aussi les aficionados de Jak and Daxter vont-ils tiquer face à l'aspect GTA-like du jeu de Naughty Dog, à sa féerie envolée au profit d'un ambiance triste et guerrière et à son système d'éco réduit au strict minimum. Cependant bouder Jak II serait une erreur, car le jeu conserve la maniabilité impeccable de son aîné, présente une nette amélioration graphique et s'enrichit de features très intéressantes. De plus, notre héros se voit embarqué dans une aventure que l'on prend plaisir à suivre, portée par un scénario digne de ce nom. Pour peu que l'on passe outre le premier contact, forcément décevant, on découvre alors un jeu bien ficelé. Le virage pris par la série est bien négocié, reste à confirmer... Affaire à suivre dans un certain Jak 3 !
Ma note : 15/20
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