La science et l’art,
loin d’être incompatibles, n’hésitent pas à s’inspirer l’un l’autre. Qu’il
s’agisse de réaliser de vrais tableaux au fond d’une boîte de Pétri, ou de
représenter des savants fous dans un roman, ces deux univers communiquent plus
qu’on ne le croit. Le cinéma est d’ailleurs toujours prompt à utiliser les
technologies récentes, voire celles à venir, pour servir son propos et donner à
son univers davantage de cohérence. Le pitch de Volte-Face (1997) reposait avant tout sur la greffe de visage,
tandis que Bienvenue à Gattaca, sorti
la même année, mêlait fécondation in
vitro et eugénisme pour dépeindre le portrait glaçant d’une société voulant
rendre ses populations parfaites. À l’image de ces deux films, de nombreuses
productions vont donc chercher leur inspiration dans les avancées de la
biologie. Prenons le fort dispensable Rampage
(2018), qui a le double avantage de se baser sur un jeu vidéo et une
biotechnologie récente, servant par là-même mon propos plus que de raison.
L’imposant Dwayne “The Rock” Johnson y fait face à des animaux rendus
gigantesques et passablement énervés par une manipulation génétique à base de
CRISPR. Cette technologie récente ouvre un champ de possibilités tel qu’il est
inévitable que le cinéma, la littérature ou le jeu vidéo s’en emparent dans les
années à venir pour justifier scientifiquement toute une panoplie de
modifications génétiques. Constatant que le jeu vidéo a d’ores et déjà ouvert
cette boîte de Pandore, il me semble intéressant de nous pencher dès à présent
sur cette technique révolutionnaire, ses implications et sur les jeux
précurseurs qui s’en sont emparés. Soyez avertis : les spoilers seront de la
partie. Avant de s’y intéresser, un petit récapitulatif sur CRISPR-Cas9 est de
mise.