Feu IG Mag avait le chic pour proposer des
articles originaux, qui m’ont régalé des années durant et ont clairement
contribué à faire naître chez moi l’envie d’écrire. Parmi les plus marquants,
j’ai en mémoire un papier de quelques pages intitulé “L’éloge du vide”, une
analyse de l’intérêt des endroits dans lesquels le joueur est laissé libre de
contempler l’immensité à laquelle il fait face, détaché de toute contrainte
pendant quelques secondes faisant office de respiration. À l’époque, plusieurs
jeux avaient déjà à coeur de proposer ces expériences : le reboot de Prince of
Persia, les créations de Fumito Ueda chez qui la solitude face à l’immensité
est un concept à part entière, mais aussi la série Assassin’s Creed. Qui n’a
jamais été soufflé par le panorama après avoir atteint le sommet d’un minaret
ou d’un monument ? Ces phases de “synchronisation” caractéristiques de la série
offraient mieux que les autres ce sentiment fort de surplomber la masse et voir
le monde autrement. L’éloge du vide, c’est en partie ce qui m’a fait adorer les
jeux en monde ouvert, ou open worlds dans la langue de Richard Garriott, qui
ont maintes fois abusé de ce stratagème de tours à gravir pour nous confronter
à cette épique solitude, cheveux au vent.