L’été
serait-il propice aux élans nostalgiques ? Cela se pourrait bien, car après
vous avoir avoué l’an dernier mon amour immodéré pour les adaptations et
déclaré ma flamme à Harvest Moon : a Wonderful Life, la chaude saison fait
naître en moi de nouveaux émois rétrogrades. Si, comme tant d’autres, ma prime
jeunesse a été façonnée par de grandes séries de jeux vidéo, des illustres
licences de Nintendo (Pokémon Rouge, Super Mario Sunshine, puis Zelda dès
l’épisode Wind Waker) aux itérations annuelles de FIFA (le RC Lens de l’épisode
2001 restera pour toujours dans mon petit coeur), il est d’autres titres
potentiellement moins répandus ou moins appréciés, qui n’ont pas manqué de me
marquer au fer rouge. Leur simple évocation quinze ou vingt ans plus tard suffit
à me ramener en arrière avec émotion, telles d’inoubliables madeleines
virtuelles. Toutes ces expériences ont su en un court passage entre mes mains
définir un peu de ce que je suis aujourd’hui, et c’est avec tendresse que cet
article viendra rendre hommage aux plus doux de ces souvenirs.
Lucky
Luke (Gameboy, 1996)
Qui
d’autre pour ouvrir le bal que mon premier jeu ? Aux côtés de Super Mario Land
2, cet énième jeu à licence développé par Infogrames a eu l’honneur d’étrenner
ma Gameboy à la fin du siècle dernier. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un
jeu de plate-formes et d’action, comme l’éditeur les enchaînait à l’époque,
brassant volontiers dans la bande dessinée franco-belge des Astérix, des
Schtroumpfs et autres Spirou pour les mettre au service de jeux dispensables
vendus par palettes entières. Seulement voilà, quand on a six ans et des piles,
passer quelques heures dans un Far-West virtuel laisse des traces. Dans mon
cas, la principale a été la naissance d’un amour toujours intact pour les
sonorités de la portable de Nintendo, nourrie ici par les compositions d’Alberto
Jose Gonzalez, artiste dont les airs chiptune ont bercé une génération entière
d’enfants. La grosse dizaine de pistes de ce Lucky Luke a su me toucher et
faire de mon premier jeu la première pierre de mon profil de joueur. Ce n’est
quand même pas rien.
Un simple jeu de courses de moto, témoin de mes premiers émois sur PC ? Eh bien oui ! Redline Racer, c'étaient de vraies sensations de vitesse, une modélisation bien propre et, surtout, les cris déchirants que poussaient les pilotes après une chute ! Un titre très arcade et très défoulant, qui proposait aussi différents éléments farfelus à débloquer, comme un petit scooter ou un immense chien noir aux statistiques démentes, directement tiré du logo d'alors de Criterion Software, studio qui ne s'était pas encore illustré avec la licence Burnout. Une petite page de l'histoire d'un grand studio, en somme.
Rayman
2 (PC, 1999)
Toujours
à ce jour le numéro 1 dans mon coeur. Ma première aventure en 3D, un univers
empli de magie et de créatures étonnantes menacées par des pirates robotiques,
des niveaux inoubliables ou effrayants, une bande originale d’exception… Je
pourrais disserter des heures durant sur les fantastiques moments passés sur
Rayman 2. Avec le recul, ses qualités et la jolie variété de son design me
surprennent toujours plus, et effacent bien volontiers d’éventuels défauts parmi lesquels quelques pics de difficulté absurdes dus à une maniabilité pas toujours optimale. J’ai pour Rayman 2 un amour immodéré qui le rend, pour longtemps
encore, indétrônable. Rangez au placard vos Link, Solid Snake ou Nathan Drake :
mon héros de jeu vidéo à moi, c’est ce petit gars sans membres qui envoie des
boules d’énergie avec ses poings.
Dessinez c’est Disney
1 & 2 (PC, 1997-1999)
Probablement un
souvenir partagé avec beaucoup d’autres joueurs, et pour cause, le jeu étant
souvent offert à l’achat d’un ordinateur. Mine de rien, ce petit logiciel de
dessin intuitif comme tout savait y faire : pouvoir facilement sélectionner un
décor, des personnages Disney et y ajouter des objets ou du texte, cela faisait
son petit effet et a très clairement contribué à me former aux diaporamas, compétence qui ne révèlerait son utilité que quinze ans plus tard. L’épisode 2 bonifiait cette recette à grands renforts
d’animations et d’effets 3D qui ont su réunir toute la famille des heures
durant, entre deux parties sur l'Album Secret de l'Oncle Ernest. On échafaudait des histoires, créait des petites BD, ajoutait une
musique adéquate et hop, le tout défilait dans un diaporama de quelques
minutes. Le début de ma carrière artistique, brutalement interrompue par la dure
réalité des cours d’arts plastique. Sale période.
Red Ace Squadron (PC, 2001)
La première guerre mondiale est assez rarement mise en avant dans les jeux vidéo, et ses combats aériens encore moins. Red Ace Squadron, c'est un petit souvenir d'une démo de deux niveaux qui me proposait de piloter un coucou et de me prendre pour le Baron Rouge au cours de dogfights aériens intenses. Pour commander son avion, rien de plus simple : une souris, et c'est tout ! Simple d'accès, bien ficelé, et presque entièrement destructible à la mitrailleuse ou avec des obus, Red Ace Squadron était mon idéale petite pause-défouloir.
Kya : Dark Lineage (PS2,
2003)
Cocorico, l’une des
expériences les plus marquantes vécues sur ma PS2 vient d’un studio français !
L’occasion pour moi d’ajouter à ma liste de genres préférés les platformers en
3D qui pullulaient à l’époque. Si Ratchet & Clank et Jak & Daxter m’ont
occupé bien trop d’heures pour que je l’admette sans rougir, le plus atypique
Kya d’Eden Games m’a laissé un sacré souvenir. Perdue dans un monde qui n’est
pas le sien, la jeune Kya devra libérer les paisibles Nativs du joug du méchant
Brazul tout en retrouvant son frère. Plutôt malin dans sa représentation d’un
univers sylvestre qui nous impose de jouer avec les courants d’air, les plantes
ou les reliefs que l’on dévale sur un surf, le jeu a surtout su se détacher de
la concurrence par son système de combat étonnamment poussé pour l’époque. Les
affrontements contre les différentes classes de Wolfuns, des loups belliqueux,
imposent de bien maîtriser les nombreux coups et d’acquérir des améliorations.
On ne reprochera à Kya : Dark Lineage que sa durée de vie un peu trop courte,
son dernier chapitre qui arrive beaucoup trop tôt et sa fin sous forme de
cliffhanger au goût franchement amer étant donné que la suite qu’il laissait
entrevoir n’est jamais arrivée. Depuis, à chaque E3, quelque part en France, il
y a un petit coeur qui bat pour qu’un studio courageux reprenne la licence et
nous offre, enfin, une vraie fin aux aventures de la fort belle Kya.
(le crush était réel,
ne jugez pas)
I-Ninja (PS2, 2003)
Toujours dans cette
tradition du platformer en 3D qui a vu naître des héros aussi variés que Ty le
tigre de Tasmanie ou Kay le chat chevalier, I-Ninja nous glissait dans le
kimono d’un adorable ninja à la tête disproportionnée, qui tue accidentellement
son sensei dès les premières secondes du jeu. Réparer cette funeste erreur
l’amènera dans des zones regorgeant de défis et d’ennemis redoutables. Pur
produit de son époque, le jeu d’Argonaut récite des gammes que d’aucuns
trouveront trop classiques et répétitives, mais il faut bien reconnaître
qu’utiliser une panoplie de mouvements de ninja, gagner des ceintures jusqu’à
la tant désirée ceinture noire, récupérer de nouveaux sabres affutés et
découper littéralement ses adversaires en morceaux est un programme alléchant.
Sorte d’hybride entre un beat’emup 3D et un Prince of Persia pour son côté
acrobatique, I-Ninja offre quelques bons moments comme ces stages juché sur une
boule façon Monkey Ball, ou ces combats de robots géants. La synthèse en
quelques heures de toute une génération de platformers, avec des petits cris
aigus à chaque coup donné ? Je prends !
Jackie Chan Adventures
(PS2, 2004)
De toutes les séries
que j’aimais suivre en rentrant de l’école, ma préférée était sans doute Jackie
Chan. Tout le monde aime Jackie Chan, c’est un fait. Alors quand un dessin
animé met en scène son alter ego en 2D dans des aventures rocambolesques
teintées d’artefacts magiques, comment résister ? L’adaptation en jeu vidéo du
dessin animé a l’intelligence de respecter le graphisme simpliste de la série
pour masquer une technique défaillante et proposer un énième platformer en 3D
(vous ai-je dit que j’aimais les platformers en 3D ?) dans lequel Jackie va
voir du pays pour récupérer les fameux talismans représentant les animaux du
zodiaque chinois, et conférant à leur possesseur des pouvoirs fantastiques.
Mais gare à l’infâme Valmont et à sa bande de gros bras ! Si l’ensemble peut
faire peine à voir, avec ses phases déjà vues partout ailleurs et ses combos à
deux boutons sur des ennemis qui ne varient presque jamais, le gimmick
d’utilisation des talismans a largement suffi à retenir mon attention à
l’époque. Quel pied de pouvoir devenir invisible, décupler sa force, projeter
son âme hors de son corps, tout en retrouvant ses héros du goûter parfaitement
retranscrits ! La possibilité d’activer un talisman presque quand bon nous
semble permettait d’échafauder des plans pour parvenir de plusieurs façons
différentes à nos fins. Peut-on pour autant parler de gameplay émergent ? Sans
doute pas (faut pas déconner). En sus d’une quête principale des plus
convenables, le jeu boostait sa durée de vie avec un mini-jeu de collecte et de
combat de cartes à jouer. Un petit jeu mal expliqué, pas évident à comprendre
de prime abord, mais qui m’a scotché pendant des heures, à la quête du deck
parfait. Remballez le gwent, c’est dans Jackie Chan Adventures que se trouvait,
dix ans plus tôt, le meilleur jeu de cartes virtuel !
Voici qui conclut ce
petit tour dans mes classiques de jeunesse inavoués. Tous ont une place à part
dans mon historique de joueur, et je ne doute pas que les vôtres soient
différents. N’hésitez pas à m’en faire part ci-dessous !
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