Jeu vidéo et Biologie - Stickology

- la Science du Jeu Vidéo, par Aurionis


Après nous avoir offert l'excellente série Crash Bandicoot et être devenu du même coup le développeur emblématique de la PlayStation, le studio Naughty Dog ne semblait plus rien avoir à prouver. Il profite cependant de la sortie de la nouvelle console de Sony, la Playstation 2, pour nous proposer un nouveau jeu et, surtout, introduire une toute nouvelle licence, laissant son marsupial entre les mains de Traveller's Tales. C'est donc fin 2001, un an après la sortie de la PS2, que débarque Jak and Daxter, un jeu de plates-formes ambitieux. Pari réussi ? Test !

Notre héros, Jak, coule des jours heureux au Village des Sables en compagnie de son pote Daxter, toujours partant pour se fourrer dans un mauvais plan. Désobéissant aux sages conseils du vieux Samos, ils se rendent sur l'île de la Brume afin d'espionner les affreux Lurkers. Seulement, tout ne se passe pas comme prévu puisque Jak et Daxter se font repérer ! Dans la lutte, Daxter tombe dans une cuve d'éco noire, une énergie maléfique qui le transforme en beloutre ! Une forme animale dont il aimerait se débarrasser, mais la tâche s'annonce compliquée : seule l'aide d'un sage vivant dans une contrée lointaine pourra rendre à Daxter son apparence humaine... Nos deux héros se lancent alors dans un périple riche en dangers, mais aussi en découvertes extraordinaires !

Mais comment traverser le monde quand on n'est qu'un enfant accompagné d'une beloutre ? Jak a en effet beaucoup à faire, entre les combats contre les Lurkers, l'utilisation des mécanismes des Précurseurs et les nombreuses phases de plates-formes. Heureusement, il dispose d'une large palette de mouvements et d'acrobaties lui permettant de se tirer de n'importe quelle situation. Aux classiques saut et coup de poing s'ajoutent une roulade (que l'on couplera souvent à un saut), un tourbillon offensif, un plongeon, des sauts de barre fixe en barre fixe... Un panel riche et varié digne d'un Mario ! On notera au passage que l'on ne déverrouillera aucune capacité pendant notre aventure, et qu'on dispose donc dès le début du jeu de tous les mouvements nécessaires.

En sus de cette large variété de mouvements, Jak pourra également utiliser l'éco, ressource essentielle de son monde. On compte quatre sortes d'éco, à commencer par l'éco verte, servant tout simplement de barre de vie. Une denrée essentielle puisque Jak ne possède que trois unités de santé qui auront tendance à vite disparaître. Vient ensuite l'éco bleue, qui augmente la vitesse de notre héros mais, surtout, active les mécanismes Précurseurs tels que les plates-formes ou les portes. L'éco jaune permet à Jak de lancer des boules d'énergie, tandis que l'éco rouge augmente les capacités offensives de notre héros. L'éco reste cependant assez rare, et sera disposée à des endroits bien spécifiques, généralement proches des objets avec lesquels on pourra interagir. Jak and Daxter nous propose également quelques séquences en zoomer antigrav, un véhicule volant, lors de phases sympathiques au cours desquelles il faudra par exemple franchir tous les checkpoints, battre un record ou encore traverser un lac de lave en prenant garde à la surchauffe ! Pour finir, on sera parfois amenés à chevaucher un drôle d'oiseau capable de réaliser des sauts de puce. Une variété de situations servie par un level design convaincant qui fait de Jak and Daxter une expérience réellement plaisante.

Mais quel est notre but, me direz-vous ? Pour faire simple, notre route vers le sage est ponctuée d'obstacles qui nécessiteront un certain nombre de piles d'énergie Précurseurs, l'équivalent ici d'une étoile dans un Mario. Au sein d'une même zone, on trouvera en moyenne six piles, que l'on obtiendra de diverses manières. La plus courante, et la moins exaltante aussi, est de ramener 90 orbes précurseurs à un PNJ. Cette ressource traînant un peu partout, ce sera chose aisée. Mais il faudra aussi accomplir des objectifs bien précis, nécessitant d'explorer la zone de fond en comble et d'user avec habileté des capacités de Jak. Enfin, on récupèrera une pile d'énergie lorsque l'on aura découvert les sept mécamouches cachées dans le niveau. Un schéma assez répétitif finalement qui, s'il a fait ses preuves (dans Super Mario 64 pour ne citer que lui), risque d'en décevoir plus d'un. L'exploration poussée des niveaux, ainsi que la collecte d'items divers et variés rappelle par moments un certain Banjo-Kazooie mais Jak and Daxter, s'il puise son inspiration dans des grands noms de la plate-forme, n'oublie pas pour autant ses origines tant certains passages évoquent les grandes heures de Crash Bandicoot. Admettez qu'en matière de références, on a vu pire !

Naughty Dog avait visiblement à coeur d'exploiter au mieux son nouveau support, et montre ce que la PS2 est capable de faire en termes de graphismes ! Dès l'écran-titre, on se rend compte que le jeu utilise un cycle jour/nuit, sans incidence en jeu mais offrant des jeux de lumière assez saisissants pour l'époque. Notre quête nous amènera à arpenter des environnements variés, partant d'un village côtier pour se rendre au sommet d'une montagne enneigée, en passant par un cratère volcanique ou un temple sous-marin. À chaque fois, les décors sont d'une beauté impressionnante et démontrent là encore tout le potentiel de la console de Sony. Cerise sur le gâteau, on passe d'un environnement à l'autre sans le moindre temps de chargement apparent, ce qui confère à notre aventure une continuité délectable. Un autre bon point pour les animations de Jak, fluides et se permettant quelques touches d'humour, lorsque Daxter remonte sur l'épaule de son ami après un coup brusque par exemple. On émettra un petit bémol en revanche concernant la modélisation des personnages, globalement satisfaisante mais manquant indéniablement de finesse. Un défaut qui sera réparé dans les deux aventures qui suivront, mais c'est une autre histoire sur laquelle je reviendrai sans doute.

Abordons pour finir la bande-son du titre de Naughty Dog, soutenant l'action avec talent et instaurant à chaque zone une ambiance différente et réussie. Peu de thèmes marquent réellement, mais la qualité est là et c'est bien l'essentiel. Les doublages sont entièrement assurés en français, et se montrent plutôt bons, ce qui est une petite surprise. On sent les doubleurs moins à l'aise que dans les épisodes qui suivront, mais d'excellentes bases sont déjà là, notamment grâce à l'irrésistible, l'inénarrable Daxter, qui nous gratifie tout au long de notre périple de répliques drolatiques, en particulier lorsque Jak meurt. Une beloutre diablement attachante, qui contribue pour beaucoup au charme du jeu.

Jak and Daxter est donc une véritable réussite, un incontournable du jeu de plates-formes sur PS2. Un succès qui, comme tout succès, engendrera une pelletée d'ersatz de qualité variable. Naughty Dog ne faillit pas à sa réputation de développeur star sur les consoles de Sony, et parvient à lancer efficacement une série qui ne manquera pas de refaire parler d'elle. Jak and Daxter séduit par ses graphismes, son univers enchanteur, l'humour de ses personnages, et surtout par son gameplay très abouti. À mi-chemin entre un Super Mario 64 et un Banjo-Kazooie, il dispose de sérieux atouts. On regrettera peut-être un peu de répétitivité dans la collecte des piles d'énergie, ainsi qu'une durée de vie un peu juste variant entre huit et dix heures. On aurait aimé que l'aventure dure encore et encore, mais il faudra attendre un certain Jak II pour cela !

Ma note : 16/20

On ne peut pas dire que la ludothèque de la GameCube soit très fournie en RPG. Fort heureusement, les rares titres sortis se révèlent particulièrement bons, à l'image d'un Paper Mario ou d'un Baten Kaitos. Mais s'il y a un J-RPG qui a su s'imposer comme un référence sur le cube de Nintendo, c'est bien Tales of Symphonia ! Ce nouvel épisode de la fameuse saga de Namco a permis à bien des joueurs occidentaux de découvrir cette série déjà fournie au pays du Soleil Levant, et a suscité un engouement jamais démenti, allant jusqu'à la sortie récente du manga inspiré du jeu. Comment expliquer un si joli succès ? Ce test vous apportera sans doute la réponse...

« Autrefois, un arbre gigantesque, source de tout mana, se dressait au centre du monde... Mais il finit par se flétrir, drainé par les guerres incessantes qui déchiraient l'univers. Pour compenser la perte de mana, un héros dut se sacrifier. C'est alors que la Déesse s'adressa aux anges en ces termes : « Durant mon sommeil, le monde sera en danger. Vous devrez me réveiller. » Les anges donnèrent naissance à l'Élu , qui partit vers une tour dont le sommet atteignait les cieux... Ainsi commença la régénération du monde... » Loin d'être une simple légende, cette histoire se répète inlassablement depuis des siècles. Et c'est ce voyage pour la régénération du monde que nous propose de vivre Tales of Symphonia. Désignée comme l'Élue par l'oracle, la jeune Colette a pour lourde tâche de rétablir l'équilibre du mana.

Cependant, elle n'est pas à proprement parler l'héroïne de Tales of Symphonia. Le jeu met davantage en avant Lloyd, un garçon impertinent et courageux. Par défaut, c'est sous ses traits que l'on vivra l'aventure et que l'on combattra. Il est entouré par d'autres protagonistes que l'on rencontrera au fil de notre quête. Génis, le meilleur ami de Lloyd, Kratos le mercenaire, Sheena l'invocatrice, Zélos le vaniteux... En tout, neuf personnages possédant chacun une histoire mise en avant au cours du jeu, constituant petit à petit une trame scénaristique plutôt complète, qui verra se succéder moments de bravoure, révélations mais aussi scènes comiques, mises en avant lors de petites saynètes des plus plaisantes. On ne déviera cependant jamais longtemps de l'histoire principale, fournie en créatures légendaires, temples séculaires et esprits élémentaires. Ajoutez à cela de nombreuses quêtes secondaires, vous comprendrez aisément pourquoi notre aventure dure près de quarante heures, et s'étale sur deux galettes !

Non content de profiter d'un scénario aussi complet, quoique parfois un peu cliché, Tales of Symphonia peut également compter sur une progression agréable, qui se fait via une world map vue du dessus. On évoluera de ville en ville, passant d'une oasis perdue au beau milieu d'un désert aride à une cité enneigée, découvrant un village flottant au milieu des nuages ou encore un palace destiné aux touristes. Au sein de ces villes, on trouvera les classiques auberges, marchands d'items et d'armes, ainsi que la plupart des quêtes secondaires susnommées. ToS nous propose également de visiter de nombreux donjons recelant de monstres, de pièges et d'énigmes. On les résoudra le plus souvent en poussant un objet ou en utilisant un anneau bien pratique revêtant plusieurs pouvoirs magiques. On appréciera le fait que le scénario nous amène à explorer un deuxième monde, tout aussi réussi que le premier à ce niveau là. Mais au delà de cette exploration sympathique bien qu'assez classique, le titre de Namco fait fort grâce à son système de combat.

En effet, loin de la plupart des RPG japonais, Tales of Symphonia propose un système de combat en temps réel. Pas de tour par tour, pas de barre d'ATB, ici il faudra diriger son personnage et attaquer soi-même, grâce à des combos préalablement assignés. Les arènes, théâtres de nos batailles, sont d'une taille réduite autorisant peu de fantaisie dans nos déplacements, mais on prend un plaisir non dissimulé à attaquer un monstre, battre en retraite le temps d'être soigné par l'un des quatre personnages composant notre équipe et repartir de plus belle. Concernant les capacités de nos héros, on reste sur du classique : le tank, le healer, le magicien, l'invocatrice... Autant de techniques (acquises selon l'utilisation d'une capacité précédemment apprise) que l'on pourra commander facilement en passant par un petit menu. Si Lloyd est le personnage utilisé par défaut, on notera qu'il est possible de choisir qui l'on veut pour explorer le monde et combattre, et ainsi adapter son style de jeu. De plus, il sera possible d'établir des stratégies, en plaçant judicieusement nos personnages sur l'aire de combat. Remarquons, pour finir sur la partie combats, la présence d'une attaque à l'unisson, activable une fois la barre remplie, capable de causer de gros dommages sur nos ennemis. Des ennemis que l'on pourra éviter si on le souhaite et qui, dans la grande tradition du RPG, vont de l'insignifiant champignon sur pattes au colossal dragon, sans oublier les nombreux boss. À chaque monstre son point faible, à exploiter si l'on veut être efficace ! Gros point fort des combats du jeu : ils sont jouables à quatre, ce qui avouez-le est peu courant dans un RPG.

Tales of Symphonia a pour lui un graphisme très coloré, et un character design de qualité que l'on doit au mangaka Kosuke Fujishima. L'aspect manga et l'utilisation de petites icônes signifiant l'attitude des personnages ne plairont pas à tout le monde, mais il faut reconnaître qu'ils confèrent au jeu une sympathie certaine. De même pour les villes traversées, à l'architecture souvent superbe. On émettra quelques réserves concernant la qualité technique du titre de Namco qui, GameCube oblige, déçoit sur certains points. La world map pour commencer, vraiment laide et trop peu détaillée. Les personnages ensuite, sur lesquels on notera un certain effet de flou moins prononcé dans l'édition PS2 (resté inédite sous nos latitudes). Mais on évitera de s'attarder sur ces détails, d'autant que les combats sont l'occasion d'admirer les jolis effets des attaques, de plus en plus spectaculaires. On appréciera la présence d'un opening animé très réussi.

En sus de son aspect graphique, Tales of Symphonia fait fort par sa bande-son de toute beauté, indéniablement digne d'un RPG de cette trempe. Les compositions collent parfaitement à l'ambiance du lieu traversé, et même si elles se répètent un peu entre elles, elles n'en restent pas moins magnifiques. Qui plus est, ToS jouit d'un doublage de la majeure partie de ses dialogues. Bien qu'il n'y ait aucune VF, la version américaine s'en sort très honorablement et nous immerge vraiment dans l'histoire, réussissant là où les quelques animations couplées à des icônes bas de gamme échouent. Pendant les combats, nos personnages ne manquent pas de lancer quelques répliques et de crier le nom de l'attaque utilisée, améliorant par là-même la lisibilité des joutes et leur conférant d'autant plus de dynamisme. Encore un bon point pour un jeu qui les cumule !

Si ces quelques lignes ne vous ont pas semblé assez claires, voici en résumé ce qu'il faut retenir de Tales of Symphonia : par son scénario empli de légendes, par ses personnages diablement attachants, par son esthétique sympathique, par ses combats dynamiques en diable, par ses compositions magistrales, le titre de Namco se doit de figurer dans votre ludothèque si vous possédez une GameCube ! La console de Nintendo a beau manquer de RPG, celui-ci comble ce manque pour dix, se montre extrêmement agréable à jouer et bénéficie qui plus est d'une bonne rejouabilité grâce à une option « new game + » appréciable. Définitivement un must-have.

Ma note : 18/20




Au rayon des mariages heureux dans le petit monde des jeux vidéo, on retrouve le mélange entre les FPS et les RPG. Ces deux genres bien distincts ont su offrir, à plusieurs reprises, des titres mémorables tels que Bioshock ou Borderlands. Cependant, bien des années avant ces jeux, on trouvait déjà un fier représentant du genre, une expérience des plus immersives qui avait propulsé son créateur, Warren Spector, parmi les grands noms du jeu vidéo. En effet, Deus Ex avait séduit par son ambiance cyberpunk et sa liberté d'action innovants. À l'inverse, sa suite avait déçu à tel point que l'on croyait la licence perdue à jamais. Que nenni, puisqu'est arrivé en août dernier un nouvel épisode, intitulé Deus Ex : Human Revolution ! La série revient-elle en force ? C'est l'heure du test !

Deus Ex : Human Revolution nous emmène en 2027, soit quelques années avant les évènements des titres précédents. On incarne Adam Jensen, un ancien flic engagé pour assurer la sécurité de la toute-puissante entreprise Sarif Industries, spécialisée dans l'amplification humaine. À base d'implants et d'organes robotiques, la société propose à l'être humain de devenir plus fort, plus résistant, plus intelligent... Lors d'une attaque dans les locaux de Sarif, Adam est sérieusement amoché et laissé pour mort. Il ne doit sa survie qu'à la pose d'augmentations sur la quasi-totalité de son corps, qui lui confèrent contre son gré de grandes capacités. Remis sur pied, Adam devra se battre pour faire la lumière sur cette affaire et se venger du groupe terroriste responsable de l'attaque...

Le scénario semble assez conventionnel, mais que l'on ne s'y trompe pas, il se montre maîtrisé et réserve son lot de mystères et de rebondissements. Mais plus encore que le scénario, c'est le background de Deus Ex qui force l'admiration : incroyablement riche, il nous propose de découvrir une époque futuriste marquée par l'amplification qui, loin de servir la cause humaine, crée de nombreuses disparités entre les hommes. L'écart se creuse davantage entre les riches, capables de s'augmenter, et les pauvres, condamnés à n'être « que » des personnes normales. Le climat de tension qui règne, parfaitement mis en scène dans l'un des teasers du jeu, nous immerge efficacement dans l'univers de Deus Ex. De plus, et l'on s'en rend compte en fouillant dans les divers livres électroniques et ordinateurs disséminés un peu partout, les auteurs proposent énormément d'informations, allant des grandes pages de l'Histoire aux relations entre les employés d'une société. Des détails pas toujours intéressants ou utiles, mais qui contribuent à nous plonger dans un futur des plus tourmentés, aux portes de la guerre civile.

Tout comme son illustre ancêtre, Deus Ex HR prend la forme d'un FPS dont le gameplay ne devrait pas dérouter les habitués de genre. Jensen aura à sa disposition un arsenal complet, comprenant pistolets, armes lourdes, mitrailleuses, mais également des armes conçues pour l'infiltration discrète, feature principale de la série. On trouvera par exemple un fusil à fléchettes tranquillisantes ou encore un petit taser. Toutes les armes peuvent être améliorées grâce à des kits que l'on trouvera de ci de là, contenant des silencieux, chargeurs et autres viseurs lasers. Bien que la majorité du jeu se déroule à la première personne, le joueur aura parfois droit à une à la troisième personne lorsqu'Adam est à couvert. Ce qui risque de se produire souvent, l'infiltration étant vivement conseillée ! Foncer dans le tas n'est pas forcément la meilleure solution, bien que le jeu autorise toutes sortes d'approches.

Faisant parfaitement honneur à ce qu'avait su instaurer le premier épisode de la série, ce nouvel opus propose une grande liberté d'action et d'interaction avec l'environnement. Par exemple, pour entrer dans un club privé, Adam peut au choix récupérer une carte d'accès, assommer le videur, chercher un passage derrière le bâtiment ou encore passer par les égouts ! Chacun pourra remplir ses objectifs à sa manière, misant soit sur l'infiltration, soit sur la manière forte. Vaut-il mieux chercher dans un carnet électronique le code d'accès de la porte, ou pirater le code d'accès via un mini-jeu sympathique alliant réflexion et réflexes ? Régulièrement, les dialogues nous laisseront plusieurs possibilités de réponse. Dédain, froideur, compréhension, mensonge, il faudra parfois jouer habilement des mots pour convaincre notre interlocuteur. De plus, les choix que fera le joueur pourront avoir des répercussions sur la suite des évènements, pour aboutir à plusieurs fins différentes.

Au cours de son périple, Adam voyagera à travers le monde, et visitera les villes de Detroit et Hengsha, à l'ambiance travaillée. Si le terrain de jeu n'est ni ouvert ni particulièrement vaste en termes de superficie, il regorge de passages divers et variés, d'immeubles à explorer, de ruelles à infiltrer, et surtout de quêtes secondaires. Si elles ne sont pas excessivement nombreuses, elles sont en revanche bien travaillées et permettent d'en apprendre plus sur l'univers que nous entoure, ses gangs de caïds augmentés, ses politiciens véreux... Des parenthèses dans l'aventure qui, hélas, n'apportent pas de réelle diversité. Et on touche là le gros défaut du soft : sa répétitivité. Malgré une liberté d'action réjouissante, le jeu peine à renouveler son gameplay, et on se prend à répéter encore et encore les mêmes actions : avancer dans l'ombre en éliminant discrètement quelques gardes, pirater un code d'accès, passer dans un conduit d'aération, et recommencer. Tout comme on aurait souhaité davantage de diversité, on peut se plaindre de l'IA des ennemis, tantôt aiguisée, tantôt ridicule. Exemple simple : tout en sachant qu'Adam se trouve accroupi dans le conduit d'aération tout proche, aucun adversaire n'ira le poursuivre et préfèrera rester debout, pointant son arme sur la dernière position connue de notre héros. Il nous suffira alors de rester immobile une petite minute pour que les gardes reprennent leurs rondes...

Les actions de Jensen lui rapporteront un peu d'argent, utile quand il s'agira d'acheter des armes ou de soudoyer un PNJ, mais également de l'expérience. Car Deus Ex est un RPG autant qu'il est un FPS : les points de compétence glanés nous permettront d'acheter diverses améliorations des parties robotiques de Jensen, permettant là encore d'affiner notre style de jeu. Certains préfèreront améliorer la résistance et la puissance d'attaque d'Adam, tandis que d'autres se tourneront vers l'invisibilité, la vue à travers les murs et la maîtrise du piratage. Bien des caractéristiques sont disponibles, et poussent à recommencer l'aventure en choisissant une autre voie. Une aventure d'une durée tout à fait correcte d'ailleurs, surtout si l'on prend la peine de s'intéresser au background du jeu.

Concernant l'aspect graphique, on peut émettre quelques remarques sur ce Deus Ex. La technique est légèrement décevante, la qualité de certaines textures laissant parfois à désirer. Mais le titre compense ces quelques carences par une esthétique de haute volée, surtout dans les villes proposant leur lot de bâtiments futuristes et de jeux de lumières. On éprouve un réel plaisir à naviguer entre les différents quartiers, passant d'une rue commerçante à une pauvre ruelle malfamée. Deus Ex HR s'appuie également sur le charisme d'Adam Jensen, diablement classe tant par son look (qui ne manquera pas de rappeler Neo, le héros de Matrix) que par ses mouvements au corps à corps. Le soft a pour lui une sympathique bande-son qui, à défaut de vraiment marquer, pose avec succès l'ambiance d'un futur tourmenté, où la technologie prend le pas sur l'humanité. Par moments, on reconnaîtra des sonorités semblables à un Mirror's Edge, qui lui aussi proposait aux joueurs un futur malsain. Le titre est correctement doublé en français, et propose des dialogues bien construits (notamment grâce aux choix multiples). On pourra entendre un punk anti-augmentations nous insulter, ou un civil nous demander de ranger notre arme. Ces quelques phrases lancées à Adam tandis qu'il se promène renforcent elles aussi l'ambiance du jeu.

Voilà qui conclut ce test de Deus Ex : Human Revolution, qui remet avec succès la célèbre licence sur le devant de la scène. Les joueurs qui ont traîné leurs guêtres sur le premier opus retrouveront avec plaisir les spécificités de la série, tandis que les néophytes savoureront ce mélange réussi entre FPS et RPG, un genre qui depuis quelques années apporte son lot de satisfaction. Certes, le titre est très répétitif et pas toujours très fin, mais il a pour lui un univers captivant qui comblera les amateurs de cyberpunk et un gameplay laissant le joueur suffisamment libre de ses choix pour qu'il ait envie d'explorer les nombreuses voies qui lui sont proposées. Voilà qui laisse présager de bonnes choses quant à l'avenir de la franchise Deus Ex !

Ma note : 16/20


Qui l'eut cru ? L'arlésienne la plus célèbre du jeu vidéo est finalement sortie pour de bon, après pas moins de quatorze années de gestation ! En effet, depuis 1997, les annonces et reports se sont succédés, à tel point que l'on crut le projet mort et enterré à de nombreuses reprises. Mais même la fermeture du studio qui le développait depuis le début, 3D Realms, n'est pas parvenue à empêcher la sortie de Duke Nukem Forever, repris en main in extremis par Gearbox. Devant un parcours aussi tumultueux, nombreux sont ceux qui doutaient de la qualité finale du titre. À tort ou à raison ?

Ah, quel bonheur de retrouver le Duke ! Toujours aussi bodybuildé, toujours aussi macho, et considéré comme le plus grand héros de l'humanité depuis qu'il a repoussé une énième attaque extraterrestre, il coule des jours heureux dans son luxueux building, entouré de jeunes et jolies demoiselles. Duke va cependant devoir sortir de sa retraite dorée : les aliens sont de retour, plus nombreux et belliqueux que jamais ! Non contents d'envahir la Terre, ils enlèvent toutes les jeunes femmes... Duke en fait une affaire personnelle, et reprend les armes avec un seul objectif : botter le cul à ces enfoirés d'aliens ! Le scénario tient volontairement sur un post-it et parodie allégrement les films d'action des années 80, Duke endossant le rôle du héros patriote, chargé en testostérone et peu prompt aux discussions inutiles, un personnage cliché qu'ont interprété des Stallone ou des Schwarzie en leur temps.

La série en a fait une marque de fabrique depuis plusieurs années, et Duke Nukem Forever cultive cet esprit décalé avec brio. Toujours aussi vanneur, le Duke ne perd pas une occasion de lancer une vanne acerbe. Les habitués de la série retrouveront avec plaisir des « Come get some ! » ou des « It's time to kick ass ! », tandis que les néophytes découvriront avec plaisir ce personnage au combien attachant, dont le comportement misogyne et tellement viril fait tout le charme. Pour ce nouvel épisode, Duke a agrandi sa collection de répliques (en quatorze ans, il a eu le temps), et c'est à un véritable festival de catch-phrases que se livre notre héros, pour le plus grand bonheur du joueur. De même, les plus attentifs découvriront de nombreuses allusions et références à d'autres jeux vidéo, faisant l'objet de quelques remarques de Duke. Il jugera ainsi, lorsqu'on lui conseille de porter une armure issue de Halo, que « les armures, c'est pour les tapettes » ! Pour parfaire ce tableau et rester fidèle aux principes de la série, Duke Nukem Forever propose un vaste choix de babes, histoire d'émoustiller les plus fripons d'entre nous. Le pari semble réussi : l'esprit Duke Nukem règne sur le titre de 3D Realms.

Malgré cette ambiance, c'est bel et bien sur le gameplay que se juge un jeu. Et c'est là que les ennuis commencent pour le Duke... Ceux qui espéraient voir en DNF une suite spirituelle de Duke Nukem 3D vont déchanter, car loin de proposer des niveaux ouverts, regorgeant de passages cachés et autorisant toutes les folies, le jeu s'inspire des FPS modernes pour un résultat peu convaincant. Commençons par les armes, puisque désormais le Duke ne peut porter que deux armes à feu. Une restriction de l'inventaire qui ne plaira pas à tout le monde. Le choix se révèle pourtant plutôt fourni, et fidèle à ce que proposaient les anciennes aventures de notre héros. On trouvera par exemple le fusil à pompe, le lance roquettes, le railgun, et il sera également possible de récupérer les armes des adversaires vaincus. Cependant, cet arsenal de qualité ne comblera pas le joueur pour la raison simple que la visée à la manette est des plus délicates. Sans indicateur ni réticule de visée, toucher un adversaire, surtout de loin, relève de la gageure. La touche traditionnellement attribuée à la visée effectue un simple zoom en avant, bien peu utile... En plus de ces armes, Duke a en sa possession des mines et des grenades (que l'on activera nous-même) et ses items favoris lui octroyant divers bonus de résistance et de puissance : la bière, les stéroïdes et le fameux holoduke.

Si l'action est présente, Duke Nukem Forever frappe également par des passages où les fusillades laissent place à l'exploration ou à la plate-forme. Ainsi, la première demi-heure de l'aventure se fait dans un calme (et un ennui) auxquels la série ne nous avait pas habitués. À plusieurs reprises dans l'aventure, Duke sera rapetissé, l'occasion pour lui de sauter d'étagère en étagère et de se frotter à des rats devenus plus gros que lui. Ces phases, bien qu'originales, sont assez délicates à jouer, la faute à des sauts difficiles à appréhender. Enfin, notre quête nous permettra de prendre le volant d'un buggy, lancé à fond sur l'autoroute ou déambulant dans des canyons arides. La conduite, simple et à moitié efficace, n'apporte rien d'intéressant à l'aventure, et c'est avec un certain soulagement que l'on accueille les séquences de FPS plus traditionnelles pendant lesquelles il faudra trouver de l'essence, le réservoir de notre véhicule ne dépassant apparemment pas le litre. Tout au long de ses péripéties, Duke voyagera de la ville au désert, en passant par le fast-food ou la ruche des aliens. Seulement voilà, malgré l'originalité de certains environnements, l'ensemble fait preuve d'un level design extrêmement pauvre, à base de couloirs et de pièces parfois plus grandes, théâtres d'affrontements plus complets. Loin du bondissant Duke Nukem 3D, cet épisode rate le coche.

Soulevons maintenant l'un des grands problèmes de Duke Nukem Forever : sa difficulté. Les ennemis (aliens et porcoflics pour la plupart), s'ils ne sont pas très malins, frappent plutôt fort. Le souci vient davantage de la barre de vie de Duke, ici renommée barre d'ego. Pour augmenter la taille de cette barre, Duke devra flatter son ego en se regardant dans un miroir, en signant un autographe, en battant un record au flipper, en soulevant des haltères... Tout est bon pour accroître notre barre de santé, et l'idée est vraiment intéressante et pousse à interagir avec les éléments du décor. Malgré tout, notre santé diminue énormément à chaque coup reçu, si bien que le grand Duke mettra pied à terre après seulement quatre ou cinq contacts avec des ennemis qu'il aura toute la peine du monde à viser. Un défaut qui, bien que présent dans toutes les phases de tir, brille surtout lors des affrontements contre les boss, gigantesques, dont les attaques sont souvent fatales. Heureusement (?), notre santé se régénère d'elle-même, un autre emprunt aux FPS modernes.

Notons que le jeu dispose d'un mode multijoueur en ligne, devenu obligatoire pour les FPS de nos jours. S'il permet de passer un bon moment entre joueurs, reconnaissons qu'il pâtit des mêmes défauts que le solo, à commencer par une maniabilité peu précise. Les armes apparaissent à des points fixes, à moins que l'on préfère se battre à mains nues. Les modes de jeu, s'ils ne révolutionnent pas le genre, sont efficaces et décalés, à l'image du Duke. Ainsi, on ne participera pas à des captures de drapeau, mais bel et bien à des captures de babes ! Les environnements proposés sont assez vastes, et les joueurs aguerris de DN3D retrouveront avec bonheur le célèbre niveau Hollywood Holocaust.

Le gameplay ne convainc donc pas, et il en va de même pour les graphismes. Si un développement de quatorze ans ne pouvait laisser présager d'une prouesse à ce niveau-là, avouons tout de même que l'on pouvait s'attendre à bien mieux. Le jeu a bien du retard techniquement, tant au niveau des personnages (quoique les formes des babes ont subi un soin tout particulier) que des décors, dont les retards d'affichage sont proprement hallucinants. De même, les animations ne sont pas impressionnantes, même si celles des ennemis s'en tirent correctement. Que dire en revanche de celles de Duke, que l'on pourra admirer dans les miroirs ? Raide comme un piquet, notre héros fait peine à voir... Finissons-en sur l'aspect technique en abordant les temps du chargement du jeu, à la fois nombreux et incroyablement longs, à moins d'installer le jeu. Couplés à une difficulté qui oblige souvent à recommencer le niveau (et donc à subir un nouveau chargement), ils deviennent rapidement la bête noire du joueur.

Enfin, abordons la bande-son de Duke Nukem Forever, qui nous propose des morceaux rock parfois repris des opus précédents, pour un résultat satisfaisant. Notons que pendant les niveaux, il faudra souvent faire sans, et que l'on finira par s'ennuyer ferme. Restent les répliques savoureuses de Duke, doublé en français par Daniel Beretta, qui rend une copie plutôt propre bien que peinant à restituer le ton et les vannes de la VO. Une version anglaise absente des options, qui impose de modifier la langue de sa console si l'on veut en profiter. Un comble quand on sait que c'est la version originale qui fait toute la célébrité du Duke ! On retrouvera alors la voix testostéronée et reconnaissable entre mille de Jon St John.

Voilà qui conclut ce test de Duke Nukem Forever, un titre qui aura suscité énormément d'attente et d'engouement, pour un résultat qui en décevra plus d'un. Loin de convaincre, le titre de 3D Realms et Gearbox se montre imprécis, assez mou, dépassé techniquement... Le constat est sans appel : Duke a perdu de sa superbe, bien que l'ambiance qui émane du titre soit fidèle à la série. Le jeu a au moins le mérite de remettre Duke Nukem sur le devant de la scène, et de préparer le terrain à de futures aventures de notre héros, plus réussies espérons-le. En attendant que sortent ces éventuelles suites, on ne saura que vous conseiller de retourner sur Duke Nukem 3D pour apprécier ce qu'était Duke Nukem à son apogée, et d'éviter cet épisode qui, sans le charisme de son personnage principal, ne serait qu'un FPS fade comme il en sort tant d'autres.

Ma note : 9/20