L’heure est grave, et elle est aux remakes et autres remasters.
En effet, une inarrêtable vague de nostalgie s’empare des millenials, et c’est
toute l’industrie du divertissement qui s’emploie à contenter nos envies de
séries ultra référencées, de synthétiseurs désuets et de vieux jeux vidéo remis
au goût du jour. Et ça marche ! Nous consommons sans modération tout ce qui
ressort avec une étiquette vintage, et si certains crient au scandale et à
l’exploitation scandaleusement pécuniaire de nos souvenirs d’enfance, d’autres
élèvent la voix pour en réclamer toujours plus, parce qu'après tout, c’était
mieux avant ma bonne dame. Dans ce méli mélo de voix dissonantes, qui détient
la vérité ? La réponse est bien entendu : on s’en fout. Crash Bandicoot N’Sane
Trilogy, donc.
Est-ce pour tester le terrain en vue d’une renaissance de la
série, ou seulement pour fêter comme il se doit son vingtième anniversaire ?
Toujours est-il qu’en 2017, le studio Vicarious Visions propose aux joueurs
cette trilogie originale qui s’est faite belle pour l’occasion. C’est le moment
de ressortir ce short gardé trop longtemps au placard, et de réapprendre cette
petite chorégraphie que vous adoriez étant gamin (ne faites pas les ignorants)
!
Il serait tentant de penser que tout est dit dans le titre du
jeu et qu’essayer de développer des lignes et des lignes pour le décortiquer
serait vain. Aussi pourrai-je simplement conclure en deux ou trois mots, fermer
le traitement de texte et profiter de ce gain de temps pour rencontrer des gens
ou apprendre le finnois. Ce n’est pas la vie que j’ai choisie. J’ai choisi la
difficulté, ce qui tombe bien car c’est exactement le parti pris par le premier
jeu présent sur la galette, clairement le plus exigeant des trois. Dans sa
jungle impitoyable, parcourir chaque niveau (sous la forme d’un couloir que
l’on parcourt de haut en bas, avec quelques passages plus traditionnels de
gauche à droite) sans y laisser ses poils se révélera être un véritable
challenge. Cette première aventure de Crash introduit tout ce qui fera le
succès de la série, tant en termes d’univers et de personnages que de gameplay.
Il serait superflu de détailler le contenu du jeu, connu de tous depuis bien
longtemps, il en va de même pour les deux opus suivants (d’autant plus que
Crash Bandicoot 3 : Warped a déjà été chroniqué dans ces pages !).
Ce qui vient avant tout justifier l’existence de cette
compilation, c'est ce ravalement intégral des graphismes, privilégiant aux
polygones ostentatoires des années 90 des performances clairement dignes des
consoles actuelles. Chaque personnage, chaque environnement resplendit comme
jamais sans dénaturer à aucun moment le matériau d’origine. On apprécie
d’autant plus la variété des décors proposée par les deux derniers jeux qu’ils
se trouvent magnifiés. Véritable point fort il y a vingt ans, la gestuelle de
Crash est également bonifiée et permet de contempler sous un nouveau jour ses
mouvements… et surtout la grande diversité de morts possibles. Chacune
bénéficiant d’une animation différente, on a constamment la sensation de
parcourir un cartoon coloré aux personnages amusants, dont le doublage français
a d’ailleurs été refait pour l’occasion.
C’est un vrai petit bonheur de redécouvrir ces environnements
familiers, aux commandes d’un héros dont la maniabilité semble si ce n’est
inchangée, tout du moins fidèle à celle qu’on lui connaît. La palette de
mouvements est évidemment conservée, mais est-ce une prouesse ou un manque de
prise de risque, les sensations aussi ! Les vieux de la vieille apprécieront,
mais les néophytes devront composer avec des contrôles peut-être un peu rugueux
par rapport aux standards actuels. La seule nouveauté vraiment visible, c'est
la possibilité de contrôler Coco dans les niveaux jadis réservés à son frère.
Pas une révolution en soi, car elle avait déjà eu droit à des niveaux à pied à
partir de l’épisode PS2/XBox, mais un ajout apprécié dans un jeu frileux sur
tout ce qui pourrait trop le détacher des opus originaux.
En somme, cette N’Sane Trilogy offre une cure de jouvence à la
série, et a surtout le mérite de la remettre sur des bons rails. Trois jeux,
trois expériences nostalgiques imparables, c’est une belle réussite… en
attendant une nouvelle aventure qui oserait créer et pas seulement réciter une
copie déjà connue, aussi étincelante soit-elle ?
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