Jeu vidéo et Biologie - Stickology

- la Science du Jeu Vidéo, par Aurionis

 



Alors que vient déjà poindre la fin de 2020, je cède aux sirènes du top 10 ! Cette drôle d’année aura au moins eu le mérite de me laisser un peu de temps pour jouer et m’ouvrir à de nouvelles expériences. Plusieurs années de rythme de jeu réduit, monopolisées par des jeux phagocytant volontiers la place des autres (du FIFA à outrance ou de longs RPG en pagaille) auront laissé sur le carreau un tas d’oeuvres majeures.

J’ai donc placé 2020 sous le signe du rattrapage et, bien aidé par un long confinement, ai pu extraire de cette expérience mes dix titres préférés. Un nébuleux rapprochement entre le microbiote intestinal et l’épanouissement du gamer me permet de confirmer que pour l’un comme pour l’autre la clé réside dans la diversité, mot d’ordre des douze derniers mois !

 

10ème - Dead Cells (Motion Twin, 2017)


 

Dire que Dead Cells a fait parler de lui ne serait qu’effleurer la vérité. Le rogue-like de Motion Twin (cocorico) a été plusieurs fois cité comme l’un des meilleurs représentants du genre. Au final, j’y ai trouvé mon compte pour quelques heures avant de tomber dans une redondance un peu pénible. Dans la même catégorie, ma préférence ira à Rogue Legacy, certes daté et moins rutilant mais plus accrocheur. Dead Cells propose néanmoins une expérience complexe, dans un univers glauque graphiquement impeccable. De quoi lui permettre d’intégrer le classement, de justesse.

 

 

9ème - Luigi’s Mansion 3 (Next Level Games, 2019)


 

Marqué pour toujours par le premier épisode, et convaincu par les qualités du second, j’attendais impatiemment de voir ce que Luigi’s Mansion 3 avait à proposer et n’ai pas été déçu. La formule étrennée sur 3DS est ici poussée un cran plus loin avec l’introduction de Gluigi et d’un mode coopératif impeccable, pour offrir un jeu qui s’amuse à constamment surprendre par ses interactions cachées ou par la variété de ses situations. Évidemment incontournable !

 

 

8ème - Uncharted 4 : A Thief’s End (Naughty Dog, 2016)


 

Découvrir la série Uncharted aura constitué mon fil rouge tout au long de l’année. Un fil pour le moins ténu qui aurait bien pu casser après deux épisodes plutôt désagréables, la faute à une construction peu convaincante et des gunfights insipides. Le troisième épisode, plus inspiré, avait amorcé une réconciliation définitivement scellée grâce à ce quatrième épisode, à qui l’on pourrait reprocher d’être plus proche d’un excellent film d’aventures que d’un jeu mais à quoi bon ? Visuellement incroyable, plus varié, mieux écrit, il s’impose comme l’un des tout meilleurs jeux d’Aventure de la génération écoulée. Avec une majuscule, eh oui.

 

 

7ème - Crusader Kings 2 (Paradox Development Studio, 2012)


 

Invité surprise à qui j’aurais pu substituer un Civilization VI tout aussi chronophage, le plutôt bourru CK2 est un de ces jeux qui ne se laissent pas apprivoiser comme ça. Le décorticage d’un guide en bonne et dûe forme et un prérequis, mais une fois certaines notions acquises plus rien ne saurait entraver votre conquête du continent, pas même les menus impératifs de la vie réelle tels que la famille, l’hygiène ou l’alimentation. Impénétrable et fascinant, impardonnable et gratifiant, il m’aura fallu une sacrée dose de courage pour désinstaller Crusader Kings 2 en pleine expansion du duché de Normandie, mais que voulez-vous : c’était ça ou y être collé jusqu’à 2021.

 

 

6ème - Murdered : Soul Suspect (Airtight Games, 2014)


 

Loin d’être un grand jeu, et d’ailleurs pas épargné par la critique à sa sortie, Murdered avait ce que les anglophones imitant les français appellent un je-ne-sais-quoi. Pourrait-on simplement le résumer à “Ghost : le jeu vidéo” étant donné que l’on incarne le fantôme du personnage principal, enquêtant sur son propre meurtre ? La réponse est non, Murdered manquant cruellement d’une scène de poterie sensuelle. Toujours est-il que ces investigations dans le monde des esprits, si elles ne brillent pas par l’efficacité d’un gameplay fainéant se résumant à ramasser des breloques scintillantes pour faire avancer les intrigues, ont pour elles un univers noir réussi dans lequel on prend plaisir à déambuler. Murdered aurait mérité plus de soin et de meilleures idées, mais le toper à quatre pauvres euros n’aura pas été la pire idée que j’ai eue cette année, celle-ci étant d’avoir posé les mains sur l’affreux Sonic Forces. L’espoir de voir arriver une suite un peu mieux polie, s’il est réel, est irrémédiablement douché par la fermeture du studio à peine le jeu sorti. Rideau (de douche).

 

 

5ème - Last Day of June (Ovosonico, 2017)


 

Premier des vrais coups de coeur de l’année, l’atypique Last Day of June m’avait dans la poche avant même de commencer. Pas parce qu’il s’agit d’un énième “petit jeu vaguement indé et qui aborde avec poésie la thématique ô combien tristouille du deuil”, mais parce qu’il offre de modifier la cascade d’évènements ayant mené à la mort accidentelle de la bien-aimée de notre héros. En contrôlant tour à tour chaque habitant d’un petit hameau, et en combinant au mieux les faits marquants de leur journée, on essaie tant bien que mal de réparer l’irréparable, de remédier à l’irrémédiable. On en sort un chouia mélancolique mais séduit par les idées, les couleurs, et la puissance d’un message porté par une seule touche d’action et quelques babillements inintelligibles. Une expérience courte et forte comme seul le jeu vidéo sait en offrir.

 

 

4ème - Guacamelee 2 (Drinkbox Studios, 2018)


 

Le premier Guacamelee (sorti en 2013) était pour moi une vraie révélation. Il était l’exemple parfait du Metroidvania fait avec amour, porté par des couleurs éclatantes et une bande-son mexicaine idéale. Il était d’une difficulté parfaitement dosée, gratifiant et drôle, délicieusement jouable. Fantastique. Guacamelee 2, finalement, ressemble davantage à une version vaguement modifiée du premier qu’à une suite. Peu de chamboulements ou de nouveautés marquantes, il reste dans la droite lignée de ce que proposait son aîné. Une sorte de seconde rasade de tequila pour se rappeler que tout de même, ça a beau faire transpirer, c’est fameux et ça vous avait manqué. Un challenge plaisant, pas assez ambitieux mais d’assez grande qualité pour avoir marqué, en bien, dix heures de mon année.

 

 

3ème - A Plague Tale : Innocence (Asobo, 2019)


 

Vous aimez les rats ? Acclamé par la critique l’an dernier, le bébé d’Asobo (oh, un autre cocorico !) mérite chaque éloge, chaque dose d’amour qu’il a reçu, et démontre une belle maîtrise du moindre de ses aspects. Sans aller chercher des mécaniques de gameplay folles, il offre une inoubliable plongée dans un Moyen-Âge dévasté par un fléau murin dont chaque intervention fait ressentir l’urgence, la détresse, la mort qui approche. Ça grouille, ça craque, ça impressionne. Un titre remarquable servi par des décors, des lumières et des ambiances d’exception, porté -et c’est rare- par des personnages auxquels on s’attache réellement. L’annonce d’une suite laisse espérer le meilleur, et je ne veux plus jamais approcher un rat de ma vie.

 

 

2ème - A Short Hike (Adam Robinson-Yu, 2019)


 

Les meilleures surprises viennent des jeux dont on ne sait ni n’attend rien. C’était mon cas pour A Short Hike, un astucieux simulateur de promenade dominicale sur une île. Joliment inspiré, par Animal Crossing pour le look des habitants de l’île, mais aussi par Breath of the Wild pour la liberté de découverte sans cesse récompensée, le jeu d’Adam Robinson-Yu offre deux heures de pure évasion positive, de zenitude sur des notes de piano entêtantes, pour un final qui saura laisser le souffle court. Pour ma part, il a agi comme une sorte de claque flamboyante qui m’a rappelé qu’il y avait de la place dans le jeu vidéo pour ces expériences douces au design savamment travaillé. N’hésitez pas à regarder le petit postmortem du développeur à la GDC, qui témoigne de l’orfèvrerie mise en place pour concevoir la deuxième expérience la plus marquante de mon année. Deuxième, seulement ? Oui, car voici venir en première position...

 

 

1er - Celeste (Matt Makes Games, 2018)


 

J’ignorais que j’avais besoin de Celeste avant de jouer à Celeste. De loin, il ressemblait à un autre de ces platformers pixellisés ”parce-que-c’est-à-la-mode”, un jeu destiné à récolter facilement des lauriers immérités. Quel idiot j’étais. Non content d’être le jeu de plate-forme le plus important des dix dernières années (c’est à dire le plus important depuis Super Meat Boy), Celeste est une expérience transcendante qui élève le joueur à mesure que Madeline prend de la hauteur tant sur le mont Celeste que sur ses appréhensions et sa part d’ombre. Une sorte de thérapie vidéoludique dont le message et les thèmes musicaux resteront en vous pour longtemps. Pour son challenge et tout ce qu’il représente d’autre, Celeste est d’assez loin mon jeu de l’année 2020 !