Test de Chrono Trigger (SNES - Playstation - DS)



Quand on demande à un féru de jeux de baston quel est son titre préféré, on entend souvent parler de Street Fighter. De même, l'amateur de jeux de plates-formes citera sans doute Super Mario Bros parmi ses titres fétiches. Posons maintenant la question à un fana de RPG : il est très probable qu'il vous vante des Final Fantasy et autres Dragon Quest, mais s'il est bien un jeu de rôle unanimement reconnu comme étant l'un des meilleurs, c'est bel et bien Chrono Trigger. Sorti sur Super Nintendo en 1995, le titre de Square porte haut l'étendard des RPG nippons !

Notre histoire commence en l'an 1000, dans le royaume de Gardia. Notre héros, Chrono (ou tout autre nom qu'on lui aura attribué), se rend à la fête du millénaire avec son amie Lucca, inventrice de génie, venue présenter sa toute dernière oeuvre. En chemin ils croisent Marle, une jeune fille portant un mystérieux pendentif. Lors de la démonstration du téléporteur de Lucca, les choses ne se déroulent pas comme prévu, et voilà nos héros aspirés par un portail les menant ni plus ni moins que 400 ans en arrière ! Lâchés sans repères dans cette obscure époque médiévale, nos amis sont loin de s'imaginer qu'ils viennent de débuter une quête qui les mènera à travers les âges, dans le seul but de sauver leur monde de la destruction.

Si le pitch du jeune héros destiné à sauver le monde fait figure de cliché, la notion de voyage dans le temps est en revanche bien plus originale ! En effet, Chrono Trigger est entièrement axé sur les voyages temporels et propose de traverser six époques, allant de la préhistoire au futur, en passant par l'antiquité et le Moyen-Âge. On naviguera entre ces différentes périodes en passant par la Fin des Temps, un hub dans lequel un mystérieux personnage accueillera nos héros. On explorera librement (pour peu qu'on les ait débloquées dans le scénario) ces époques qui nous permettent de découvrir Gardia à travers les âges, et de progresser dans notre quête jusqu'à atteindre le terrible Lavos, parasite responsable du cataclysme contre lequel on devra lutter. On s'ébahira donc devant les modifications subies par le royaume et ses habitants, chaque ère apportant son lot de révélations.

Car non content de proposer un système de voyage à travers les âges tout à fait grisant, Chrono Trigger peut également compter sur un scénario du fameux Yuji Horii des plus solides, et surtout cohérent tout au long de l'aventure. Un petit exploit quand on sait à quel point le joueur est libre de ses actions ! En effet, notre progression est agrémentée de nombreuses quêtes annexes qui, si elles ne sont pas obligatoires, ont tout de même des répercussions visibles dans le futur ! Nos actions passées pourront par exemple transformer un désert en forêt verdoyante, ou encore rendre un village entier amical après avoir éliminé un tyran du passé. De plus, notre aventure est rythmée de quelques choix à effectuer, et ce dès les premières heures de jeu, parfois déterminants quant à la continuité de notre quête (ajout d'un nouveau personnage à notre équipe, par exemple) ! Évoluer à travers les âges tout en sachant que nos actes peuvent modifier parfois radicalement le futur de Gardia est un vrai bonheur.

Chrono Trigger se démarque également des autres RPG de son temps grâce à un système de combat des plus convaincants, utilisant une barre d'ATB (apparue dans Final Fantasy VI). Ainsi, pour effectuer une action en combat, qu'il s'agisse d'une attaque, d'une magie ou d'un item, il faut attendre que la barre de notre personnage soit remplie, ce qui est plus ou moins rapide en fonction des caractéristiques attribuées à celui-ci. Lorsque les barres d'au moins deux des trois combattants présents sur le terrain sont remplies, il est possible d'effectuer une attaque combo plus puissante, puisant dans les réserves de mana des deux personnages. Grâce à ce système, les combats gagnent immanquablement en dynamisme et se démarquent du tour par tour classique, même si les systèmes de PV, PM et les sorts, tantôt offensifs, tantôt curatifs, sont classiques. Sept personnages sont disponibles, chacun avec sa spécialité (la puissance, la magie ou le heal, principalement) et autorisent de nombreuses combinaisons pour former une équipe la plus équilibrée possible.

Chrono Trigger fait d'ailleurs la part belle aux combats, qu'il est toutefois possible d'éviter tant que l'on n'entre pas en contact avec les monstres, qui apparaissent à l'écran. En effet, les différents donjons du jeu sont assez petits, se limitant le plus souvent à une dizaine de salles et à des énigmes bas de gamme. Le jeu mise donc sur les combats, et il y en a ! Le bestiaire est impressionnant, chaque monstre ayant son point faible, qu'il faudra percer à jour. Mais le plus impressionnant reste la profusion de boss ! Les donjons sont nombreux et renferment tous un boss, généralement corsé, et qui demandera un bon sens tactique et une observation fine de ses attaques et de ses faiblesses. Beaucoup de gardiens donc, que l'on combat avec un grand plaisir ! Abordons rapidement le cas du boss final, accessible très tôt dans l'aventure grâce à la possibilité de voyager dans le temps, même si évidemment nos héros n'ont pas le niveau pour le vaincre. Il sera possible d'y revenir quand on le souhaite, et notamment grâce au « New game + » débloqué après avoir complété le jeu une première fois, c'est à dire après environ vingt heures, une durée de vie plutôt correcte.


Le jeu propose également une réalisation de haute volée, aux environnements détaillés et colorés, tandis que les personnages, comme les monstres, bénéficient d'un chara-design soigné, assuré par Akira Toriyama, officiant déjà sur la série Dragon Quest (toujours par Square), et connu, bien évidemment, pour le manga Dragon Ball. À grand jeu, grande bande-son, et Chrono Trigger ne me fera pas mentir ! Du début à la fin du jeu, des thèmes magnifiques rythment notre aventure à travers le temps. Une qualité que l'on doit à deux maîtres en la matière : Mitsuda et Uematsu. Du beau monde ! Les thèmes sont mémorables, qu'il s'agisse des combats ou simplement des lieux traversés, et contribuent à faire de Chrono Trigger une oeuvre d'exception.

Cependant, une ombre de taille est longtemps venue entacher ce tableau idyllique : Chrono Trigger n'a jamais pointé le bout de son nez sous nos latitudes, tout du moins sur Super Nintendo ! Le jeu compte quelques rééditions, à commencer par une version Playstation arrivée quelques années plus tard, et bénéficiant, du fait des capacités du CD ROM, de fort belles cinématiques mettant en scène les passages les plus importants de l'aventure. Le design de Toriyama est intact, et la qualité au rendez-vous. Une fois encore, le jeu reste inédit en Europe, au plus grand désespoir des joueurs. Puis, en 2008, le jeu sort sur DS et est -enfin- commercialisé sur le vieux continent ! Cette version bénéficie des capacités tactiles de la console, même si le tout reste très jouable à la croix. De plus, le jeu profite des cinématiques introduites par la version Playstation, et se voit agrémenté de deux donjons inédits et dispensables, sans incidence sur le scénario. Il voit également l'arrivée d'une arène de monstres, que l'on enverra s'entraîner à travers les âges avant de les faire se battre entre eux. On pourra ainsi affronter la créature d'un ami, grâce à la liaison sans fil entre deux consoles. Un ajout loin de convaincre, et surtout totalement hors-sujet...

Voilà donc pour ce test de Chrono Trigger ! Réunissant les plus grands maîtres du RPG nippon, issus pour la plupart des univers de Final Fantasy (Sakaguchi, Uematsu) et de Dragon Quest (Horii, Toriyama), le jeu s'impose comme l'une des meilleures productions en la matière ! Réussi sur tous les plans, le jeu n'est certes pas irréprochable et encore moins parfait, mais il propose une quête sortant de l'ordinaire grâce à des voyages dans le temps agréables et, surtout, à un scénario riche en possibilités pour le joueur, comme en témoignent les treize fins possibles ! Si notre époque marque peut-être le déclin du jeu de rôle nippon, Chrono Trigger en est probablement l'âge d'or, l'apogée, et reste, aujourd'hui encore, un incontournable, un hit absolu, un bijou hors du temps.

Ma note : 17/20

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