Test de Deadly Premonition (X360)

 
Vous avez peut-être entendu parler de Deadly Premonition, sorti en fin d'année dernière, mais je suppose que non. Sorti à une période peu évidente, entre un Black Ops et un Assassin's Creed Brotherhood, et sans grande campagne marketing, j'imagine qu'il est passé presque inaperçu aux yeux de bon nombre de joueurs.
Quand on regarde les notes qu'il a obtenu, on constate que le jeu divise : 10/10 de la part de Metacritics (qui trône sur la jaquette), 8/10 de JV.fr, et 10/20 de JV.com (pour les autres notes, Google est votre ami). J'ai voulu vérifier par moi-même ce qu'il en était...

Séquence d'introduction.
Le jour pointe à peine entre les branches des immenses pins de la forêt. Parlons-en de ces branches ! Des espèces de plaques de pixels, sans relief, sans consistance... De la Nintendo 64. C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Passons sur les graphismes, je n'ai jamais vraiment chipoté là-dessus. Et j'y reviendrai plus loin de toute façon.
Un vieil homme se promène avec ses petits-fils, des jumeaux blonds comme les blés. On s'amuse, on gambade, tralalère. Puis les jumeaux prennent de l'avance, et arrivent face à un grand arbre. Ils s'arrêtent, et contemplent le cadavre d'une jeune fille qui y est accroché, dénudée et drapée de soie rouge, une large entaille lui ouvrant le ventre, ses longs cheveux blonds retombant juste assez sur sa poitrine pour cacher ce sein que je ne saurais voir. C'est glauque. C'est macabre à souhait. Ca donne envie de commencer !

Pour comprendre comment un tel crime a pu avoir lieu dans une bourgade si paisible, perdue dans les montagnes, le FBI envoie l'agent spécial Francis York Morgan, que nous appellerons York. Tout le monde l'appelle York. Le voici d'ailleurs, dans sa voiture, sous une pluie battante, discutant d'une affaire semblable avec Zach, une sorte d'ami invisible. En l'espace de deux minutes et autant de répliques, le personnage est planté : accro au tabac, légèrement schizo, et doté d'un humour ravageur. Tout au long du jeu, le décalage entre ce citadin très spécial et les habitants de Greenvale provoquera d'ailleurs des scènes des plus comiques.
Soudain !
Au beau milieu de la route apparaît une silhouette que York a à peine le temps d'éviter. Sa voiture part dans le fossé et termine sa course dans la forêt. York s'en sort, et se met en route vers Greenvale, une ville qui n'a pas fini de le surprendre...

Vous l'aurez compris, Deadly Premonition nous embarque dans une enquête policière. Si vous avez lu attentivement le petit résumé ci-dessus, et que vous êtes accro aux séries diverses et variées, ce pitch vous rappellera forcément la série Twin Peaks. Les points communs entre les deux oeuvres sont légion, que ce soit au niveau des environnements visités (hôpital, scierie...) que des personnages rencontrés. Pour faire simple, si un jeu vidéo Twin Peaks avait du voir le jour, il aurait été proche de ce Deadly Premonition.

Parlons gameplay, maintenant. On alterne entre deux phases de jeu bien distinctes :
Les phases d'exploration : on se déplace librement à Greenvale et ses environs. La map du jeu est vaste, et vous aurez très souvent recours à une voiture pour couvrir de longues distances. Ceci dit, nous ne sommes pas dans un GTA ! York est un représentant de la loi, il ne peut pas braquer les passants, ni utiliser n'importe quelle voiture : seules les voitures et 4x4 de la police sont utilisables. On se déplace assez simplement à pied : on avance, et on appuie sur X pour courir, en surveillant le rythme cardiaque de York pour qu'il ne s'essoufle pas. En voiture, par contre, c'est plus compliqué. Diriger votre véhicule n'est pas chose facile, et il faudra surveiller les jauges d'essence et de dégâts. Evitez de tomber en panne en plein milieu de la montagne, ce serait ballot.
On peut aussi explorer la ville de Greenvale et entrer dans quelques bâtiments, comme le café ou l'office du shérif. Notez qu'il vous faudra apprendre par coeur la disposition de Greenvale et ses environs, la carte du jeu n'étant jamais orientée dans la même direction. Il vous sera également impossible de poser un curseur qui vous indiquera la route sur votre GPS. Gonflant au début, mais on se rend vite compte que l'immersion n'en est que renforcée.
Le temps suit son cours comme dans la vraie vie, vous avez donc tout le temps d'accomplir vos objectifs secondaires, que vous terminerez généralement 5 à 6 heures avant la prochaine mission principale. Pas de panique, vous n'aurez pas à laisser la console allumée tout ce temps ! York, en clopeur invétéré, n'aura qu'à s'en griller une pour que le temps avance plus rapidement. Il vous faudra aussi gérer la fatigue et la faim de notre héros, en achetant de quoi manger dans les magasins. Il vous sera même possible de changer de costume, et de vous raser, afin de rester l'agent le plus classe du FBI.

Deuxième type de gameplay : les phases d'action, dans des couloirs le plus souvent. La personnalité de York est décidément très complexe, puisque dès qu'il se retrouve seul, des ronces rouges envahissent les murs, et des ennemis terrifiants, proches des zombies et aux râles qui vous glacent le sang, apparaissent. Il faudra alors sortir votre arme, qu'elle soit à feu ou non (les tuyaux fonctionnent aussi), et dézinguer tout ce petit monde avant que leur bouche béante ne se rabatte sur vous. Le système de visée n'est clairement pas idéal et plombe ces phases déjà peu engageantes au vu des déplacements de York. Il est impossible de tirer en marchant, et le système de lock automatique est quasi-inutile, d'autant plus qu'il augmente le rythme cardiaque de York. On préfèrera viser manuellement la tête, et y loger 5 ou 6 balles. Ces phases ont beau être assez classiques (trouver des mécanismes à actionner, fouiller les caisses...), elles sont particulièrement angoissantes, grâce aux irruptions du Raincoat Killer, un tueur impitoyable vêtu d'un imperméable rouge et armé d'une hache traînant par terre. Celui-ci vous traque sans relâche, et il vous faudra parfois vous cacher et retenir votre respiration, ou fuir grâce à des séquences en QTE joliment mises en scène et particulièrement stressantes.

Dans les deux types de gameplay, il vous faudra trouver des indices concernant le meurtre d'Anna Graham, qui vous permettront de lancer des profilages qui reconstitueront petit à petit ce qui s'est passé cette nuit là à Greenvale.


La bande son du jeu est assez agréable, avec des thèmes tantôt guillerets, tantôt anxiogènes, mais ils tournent très vite en boucle : il ne doit y avoir au total que 4 ou 5 pistes répétées à l'envi, et pas toujours raccroc avec la cinématique en cours. Mention spéciale au thème entendu lors des longs trajets en voiture, lassant au bout de 2 minutes mais à supporter pendant un bon quart d'heure de route.

Abordons si vous le voulez bien les graphismes du jeu, de loin l'aspect le plus discutable et discuté. Comme dit en tout début de test, certaines textures nous renvoient des années en arrière, au mieux à l'époque de la PS2, au pire (mais ça reste rare) à la N64. Les décors, objets et voitures sont assez laids, et c'est d'autant plus dommage que les personnages sont plutôt jolis, York en tête, arborant des expressions bien fichues (qui seront vite détrônées par L.A. Noire, je vous l'accorde).

La quête principale est plutôt longue, et le scénario, à l'instar du scénario de la série dont il s'inspire, est particulièrement efficace. En plus de la quête principale, de nombreuses quêtes secondaires sont à débloquer auprès de différents PNJ, qui vous récompenseront par des items, des armes, et surtout par des cartes à collectionner. Faisant office de fil rouge, ces cartes sont également dispersées à travers la map, et leur collecte allonge sensiblement la durée de vie déjà conséquente du jeu.

Pour conclure, vous aurez sans doute compris que Deadly Premonition se moque éperdument des graphismes next-gen et d'une maniabilité au poil. Le jeu est avant tout une expérience originale, dans un univers très dérangeant. York est un personnage incroyable, à la fois délirant et torturé, et il est entouré d'une brochette de personnages secondaires particulièrement réussie.
Deadly Premonition se savoure plus qu'il ne se joue, et fait figure d'OVNI en cette période où les jeux caressent le joueur dans le sens du poil, et tendent à tous se ressembler.

Ma note : 15/20

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